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20 décembre 2008 6 20 /12 /décembre /2008 11:46

De dimanche 7 à mercredi 10 décembre 2008

 La fête de Tabaski, ça ne manque pas de piment! C'est la fête du mouton, pour commémorer le sacrifice d'Abraham. En fait, aux moutons, on leur fait leur fête.


Les jours qui précèdent sont marqués d'une intense fébrilité: les femmes se font belles, en se faisant les unes les autres des tresses compliquées et longues à réaliser; on nettoie les vêtements, et, si on est assez riche, on fait venir à la maison un tailleur qui fera sur mesure de beaux vêtement pour toute la famille. Les ateliers de couture débordent d'activité, pour confectionner des habits traditionnels, et à cette occasion, ne sont pas concurrencés par la fripe caritative: pas question de mettre un blue-jean ou un maillot portant le nom d'un footballeur de la « Juve ».


 On travaille à la couture tant qu'il y a de l'électricité, et comme il y en a presque tout le temps à Kayes, l'atelier tourne en permanence. C'est un gros avantage de la région, qui est proche des barrages hydro-électriques du fleuve Sénégal: ici, point de vieille « Singer » à pédale, mais des machines performantes et relativement modernes.
Quand la « peste syndicale » aura bien heureusement touché les ateliers chinois, peut-être l'industrie textile se dé-localisera-telle dans la région, qui a pour cela des atouts certains: électricité, main d'oeuvre qualifiée et nombreuse, matière première en coton produit ici-même, débouché sur le port de Dakar avec la nouvelle route dont l'achèvement est prévu en 2009. Mais revenons à nos moutons.
J'aurai appris qu'il ne faut pas manger de viande grillée vendue sur le marché, juste avant la la fête de Tabaski, car je crois qu'on réserve pour la grande occasion les meilleurs bêtes, et se contente avant des vieilles carnes. J'ai eu tellement de mal à mâchouiller ce que j'avais acheté, que des fibres ont fini par aller se loger sous mon bridge, pour lequel j'avais subi une petite intervention chirurgicale en début juillet. Et trois jours plus tard, je me retrouve avec un abcès sur la racine support. Bon, j'avais emporté des antibiotiques et une petite fiole de bain de bouche. J'espère qu'avec ça la chique va disparaître.

Je me suis remis en route dimanche matin. Sur le chemin, je trouve deux pauvres gars en rade avec leur camion. Ils attendent qu'on leur apporte une pièce à remplacer sur leur tracteur. Là encore, je constate que les Africains ne sont ni mieux ni pire que les occidentaux, n'en déplaise à ceux qui n'ont de cesse, chez nous, de magnifier et idéaliser leur sens de la solidarité, qui existe bien, mais imitée à l'ethnie. Ce qui est trompeur, c'est le fait que le Toubab sera toujours aidé...
Alors que les deux pauvres gars n'ont ni rien mangé ni bu depuis la veille, les conducteurs de véhicules passent avec la même indifférence que nous manifestons devant un SDF en France, et la même aussi que j'aurais indubitablement eue si je n'avais prévu un peu de rab, pour le cas où...


Pour aller vers l'Est, on gravit des montagnes, petites mais néanmoins fatigantes. Les bourgs s'échelonnent tous les trente, cinquante, ou quatre-vingt kilomètres, Ségala, Sandaré, Lakamané, et il n'y a pas d'hôtel ni de campement, mais une chambre prévue pour les voyageurs à proximité de la mairie.

Bon, ce n'est pas cher, mais très ... spartiate. Alors, il faut demander à voir monsieur le chef de village, ou monsieur le maire. C'est soit monsieur Amadou Coulibaly, soit monsieur Mohammed Coulibaly, soit monsieur Mamadou Coulibaly, soit monsieur Hamed Coulibaly, soit on recommence en remplaçant Coulibaly par Traoré. Des gens très affables, très sympathiques, très liants, souvent des enseignants âgés( la république des instituteurs!), toujours intrigués par mon vélo et disposés à parler de leur région, de leur village, de leurs administrés. Le maire, chapeaute plusieurs villages, un peu comme un président de communauté d'agglomération en France.

Le chef de village m'accueille ici, et sa famille est heureuse de poser pour la photo. Il me parle de la fête de Tabaski, pour laquelle il y a eu de la musique tard hier soir. Mais j'étais trop fatigué pour me joindre aux villageois... Je lui dis que moi aussi, en France, cela m'est arrivé de faire la fête avec mon chef de village ...

Un matin, partant tôt avant sept heures, j'ai vu, traversant comme un chat en glissant furtivement sur la route, à cinquante mètres devant moi, un félin dont j'ai conservé l'image en mémoire. Je me suis gardé de chercher mon appareil photo, me souvenant que c'est l'imprudence à ne pas commettre, la bête interprétant ce geste comme l'intention de sortir une arme... Il ressemblait fort à une lionne, les flancs couleur fauve et le dos plus clair, la queue longue avec l'extrémité un peu recourbée en forme de crosse, mais un peu petit par rapport à ce que j'ai pu voir au cirque ou au zoo. Mais son pelage n'était pas tacheté comme l'est celui du guépard. J'ai attendu un peu et suis reparti en passant devant au moment où une voiture venait en sens inverse, et n'ai rien vu parmi les hautes herbes. Bon, me dis-je pour me rassurer, c'est exceptionnel et ne se reproduira certainement pas.

Le long du chemin, je croise des Peuls. Les gentilles fillettes sont heureuses de figurer sur la photo et ne demandent rien d'autre.

Des femmes Touaregs (on doit dire Targuis, au pluriel!) et un cavalier, dont tu peux voir à arrière le campement, qui eux aussi ne me demandent rien du tout.


Ai-je bien fait? J'ai eu envie de leur donner un quelque chose, un petit objet pour les remercier... Peut-être hélas les ai-je tirés vers le cycle du « donne-ca-do »... De quelque manière dont on s'y prend...

 Curiosité archéologique ou géologique? Un étrange champ de pierres érigées à la verticale, hautes de 50 cm à un mètre. Ce sont des ardoises ou des schistes qui sont plantées là par milliers, selon une orientation est-ouest. Autre curiosité, le long de cette ancienne route coloniale conservant quelques bornes miliaires vieilles de cent ans, des vestiges de terrains irrigués de même époque.

Moi qui suis amoureux des vieilles pierres et qui n'ai hélas pas pu aller voir ni le tata de Koundian, ni le fort de Médine, avec mon vélo, je me rabats sur ce que je trouve... Dans cette zone de savane bien plus sèche que ce que je rencontrais dans le pays Mandingue, au sud, le animaux ne sont pas toujours à la fête.


Pauvre âne blessé, qui va se rouler à terre, certainement pour gratter ses parasites, lesquels attirent les oiseaux, de même que sur le dos des zébus.


Décidément, il n'y a pas que les fleurs roses qui poussent ici. Charognes et fleurs du mal jalonnent la route: c'est la fête de la vermine, et non celle des boeufs ou des moutons!

Cher Alex, me voici arrivé à Démia. La route est bonne bien que fatigante et je rencontre depuis plusieurs semaines le premier hôtel avec WC (sans chasse d'eau, il ne faut pas rêver!) et eau courante, moustiquaire au-dessus du lit et aux fenêtres, électricité quelques heures, et ventilation qui fonctionne. Je vais donc rester un peu ici à me reposer.
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commentaires

J
Bonjour mon frère,<br /> Tu étais en manque d'internet ! et moi, j'étais en manque de voyage ! J'attends la suite avec impatience. <br /> Bises.<br /> Jo
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A
<br /> Internet, c'est galère, ici!<br /> De plus, le tranformateur alimenattion de mon petit ordi Asus n'a pas supporté une saute de tention et est grillé!<br /> Merci pour ton mot...<br /> Armel<br /> <br /> <br />
B
ah merci !! les new me manquaient -- je m' attends un de ces jours a te voir nippé afro -- tirant l' ane par la queue ; via la direction choisie- gauche-droite ---loooooool en attendant happy new year et merry chrismas ------ bizzzzzzz
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A
<br /> Gauche-droite, c'est déjà alternatif avec deux pieds... Mais avec quatre pattes, n'en parlons pas!<br /> Merci pour ton mot.<br /> Armel<br /> <br /> <br />