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16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 11:28
... le touriste!
La langueur africaine, que veux-tu, mon cher ami... Je me traîne et je délaisse un peu mon blog...
Nous avions prévu d'aller dans le pays Dogon. Hélas, ce circuit étant tellement à la mode que bien des villages ont leur tradition dénaturée par le tourisme . N'y aller que quelques jours, deux ou trois eût été nous condamner à ne voir que la vitrine, piège à visiteurs. Nous avons préféré aller à Djenné.
Ah! Il était très honnête, le chauffeur, sa voiture très belle, en bon état, son prix conforme à ce qui se fait dans la région, 50 000 CFA pour la journée. La surprise était dans sa consommation de fuel. Il voulait 50 litres pour 230 km. Rien à faire, il faut qu'il y ait une arnaque quelque part! Et il faut renégocier, et palabrer...
Bon, nous voilà près du fleuve Bani, à attendre le bac.
On me demande si je veux boire. Non, merci, zébu.

Troupeau de zébus en train de défiler sur la rive. Pas de train à regarder passer, pour eux. J'ai même l'impression un peu que c'est moi qui ai un regard bovino-ferroviaire...

Pas de problème, pour descendre du bac avec des roues lisses, ça passe! Seulement une prise de risque que les européens n'ont pas trop l'habitude de prendre.


Des enfants pêcheurs de petits poissons, sur la rive du Bani, avec en fond sonore le lecteur de cassettes du pilote du bac. Au Mali, on entend à tout bout de champ de la musique, la plupart du temps de la musique malienne, quelquefois du "reggae".

Et nous entrons dans Djenné. Pas dans la mosquée, car c'est impossible. Impossible aussi un tel panneau en France.

C'est un impressionnant édifice, construit en 1906-07, tout fait de terre sèche. Tous les ans a lieu le crépissage qui mobilise toute la population et des admirateurs venus de toutes parts. Selon les sources, ce crépissage se passe dans la liesse et la concorde. Selon d'autres témoignages, des dissensions apparaissent entre factions divergentes de l'Islam...

Une maison de style soudanais, si je me souviens bien, mais avec aussi des éléments marocains, dont les moussarabias aux fenêtres, parois de bois découpées comme de la dentelle et permettant d'observer à l'extérieur sans être vu(e).

Djenné est placé sous la protection de l'Unesco, comme patrimoine mondial, reçoit aussi de l'aide des Pays-Bas, entre autres. Ceci explique que les rues, petit à petit, sont nettoyées. Bon, il y a encore à faire...
L'activité touristique n'empêche pas la vie de continuer, authenticité africaine.



Comme dans tous les pays du monde, les enfants aiment se mettre à la rivière. Ici, ils vont chercher des appâts, semble-t-il, sans se soucier de la qualité de l'eau. Le dernier gamin semble traîner un filet...

Scène surprise, dans un village, sur le chemin du retour vers Mopti. Des femmes pilent le mil, pendant que d'autres le vannent, jettent au vent le son. Pas longtemps, car il faut être discret, si on filme sans permission.

Ensuite, le grain est conservé dans ces petits greniers qui seront recouverts d'un beau petit toit comme un chapeau de paille. On en voit un tout à fait au fond, entre deux habitations. Les greniers sont sur des pilotis, pour les protéger des parasites, notamment des termites. 

Sur le bord du Bani, des nomades se sont installés, entre les poteaux électriques modernes. Mais les moteurs sont encore trop coûteux. La rame est le moyen le plus sûr.




Et nous nous dirigeons en pirogue vers un village de Bozos. Bon, un peu un piège à touristes, mais intéressant tout de même. Ici un astucieux pont-embarcadère qui permet de charger les pinasses ( ndlr: contrairement à ce que d'aucuns pouvaient croire, mon cher Alex, en pays musulman, ce sont des barques, et non des transports de vin, contraction peu probable de pinard et vinasse).
Les Bozos sont un peuple africain spécialisé dans la pêche, qui migrent le long du fleuve Niger, sur deux mille kilomètres, en fonction des saisons, laissant la place aux agriculteurs, puis aux éleveurs. Un système très élaboré de réglementation de tradition orale  régit ces rotations, avec ses rites,  dont la mise en concordance avec le droit écrit pose des problèmes aux juristes maliens formés à l'occidentale.

Les pirogues des pêcheurs, avec leurs filets, et au fond, la mosquée traditionnelle, dans le style de Djenné; pas du tout comme les mosquées modernes qui toutes sont de style arabisant, payées d'ailleurs avec des capitaux du Moyen-Orient.

Au premier plan, tu peux voir, derrière le drapeau malien, une "Djakarta", petite moto chinoise peu coûteuse qui a été vendue à des dizaines de milillions d'exemplaires en Afrique. Qui n'a pas sa "Djakarta"? Et tous de lever les bras au ciel, en disant: "Djakarta, dangereux!". Au niveau de la mortalité chez les jeunes, c'est une calamité...


Le long travail de réfection des filets. Les pêcheurs ici ont une chance par rapport à ceux du Tréport. Il n'y fait pas froid comme en Normandie, en hiver, et les doigts ne sont pas engourdis.


La pêche s'effectue aussi avec des nasses, pour les petits poissons. C'est souvent le travail des enfants.


Un enfant sans gilet de sauvetage, une femme avec un bébé menant à la rame sa pirogue. On pousserait des cris de danger, en Europe... Ici, c'est naturel, le quotidien.
On va chercher des grandes herbes séchées afin de faire fumer le poisson, ou pour faire cuire les briques qui serviront à la ville à consolider le banco. Les puristes, parmi les défenseurs de la tradition de Djenné, rejettent l'usage de la brique, qui a été introduite par "le colonisateur". Je n'ai pas réussi sur internet à trouver où en était l'état de la recherche historique concernant l'apport français dans l'architecture de Djenné. Toujours est-il que l'Unesco a admis que la construction en brique était compatible.

Voici le petit poisson prêt à être fumé dans la paille. Quand la paille ne suffit pas, on ajoute des bouses de vache.

Et voici le belles briques cuites...



La corvée de bois, toujours les femmes, et dans ces zones où il n'y a plus beaucoup d'arbres, il faut souvent beaucoup marcher...


Et puis, et puis, l'heure va bientôt venir pour moi de mettre les voiles, mon cher et bon Alex ...

Un adieu au Bani, et je devrai penser à retourner dans mon pays, car les routes à travers les pays touaregs sont devenues peu sures...

A bientôt pour les adieux, mon cher ami.



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commentaires

J
As-tu mangé des poissons séchés à la bouze ? <br /> Etonnante la "voiture camouflage" !<br /> La passerelle me semble peu sécurisée !<br /> A bientôt. Bises.<br /> Jo
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A
<br /> Là, j'ai eu du mal...<br /> Merci pour ton mot.<br /> Armel<br /> <br /> <br />
S
Alors,c'est là que s'arrêtent les aventures de Mémel au Mali?Merci pour ces cartes postales d'Afrique.
Répondre
A
<br /> Eh! Au Mali, on en trouve quasiment pas, de cartes postales. Quelques-unes au musée de Bamako, et pour les poster il faut aller à la mairie, paraît-il, pour avoir des timbres, ça ne se vend pas et<br /> ne s'utilise pas plus, à ce que j'ai compris....<br /> A bientôt.<br /> Armel<br /> <br /> <br />