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23 décembre 2008 2 23 /12 /décembre /2008 13:32

Lundi 15 décembre 2008

Arrivé hier soir à Kolokani, Kolon kani, le puits sacré.



On m'avait assuré qu'il y avait plusieurs hôtels ou campements, ici. On m'indique avec un grand sourire amusé la direction d'un hôtel. Visiblement, on se paie ma tête, aussi je préfère aller à la gendarmerie.

Bon, j'ai un peu l'habitude en Afrique qu'on se paie ma tête. Je crois que c'est ma curieuse diligence qui en est la cause. Heureusement, cela ne dure pas bien longtemps, et très rapidement la moquerie se transmute en curiosité admirative: le lien n'en est que plus rapide.



Le fonctionnaire présent s'en amuse aussi, car « il n'y a ici que des chambres de passe », et m'indique l' INRST, Institut National de Recherche de Santé, etc.. etc... Là comme à Kayes, il y a un mur impressionnant qui enclos un vaste espace avec quelques bâtiments désaffectés et le logement du concierge.

Tout de même, une salle de réunion qui semble effectivement servir, bien que le tableau porterait à sourire...

Mais gare aux apparences trompeuses. Dans la semaine, de nombreux groupes de paysans viennent en formation ici. C'est le nom ronflant d'Institut de Recherche qui surprend.



Je trouve tout de même une chambre à peu près convenable, avec un point pour se laver, des WC et pour le première fois depuis que je suis entré au Mali, une chasse d'eau qui fonctionne. Par contre, la ville de 1O OOO habitants n'a pas de réseau électrique, et comme nous ne sommes que deux locataires, le gérant n'a pas mis en route le générateur. Le lendemain, nous sommes plus nombreux et aurons l'électricité, mais le gérant-concierge n'ayant pas d'avance, me demandera de lui payer le prix de ma chambre pour pouvoir aller acheter du carburant, c'est chose courante en Afrique...

Je vais à la découverte en fin d'après-midi, et trouve un café tenu par un catholique, et servant donc de la bière. Il y a d'ailleurs une petite mission dans le bourg, dont on entend le tintement des cloches à 18 heures, une heure après le muezzin. Philippe est le patron du café, et trône avec la bible de Jérusalem à portée de la main. Je suis allé deux ou trois fois chez lui, mais il est assez usant à faire des allusions continuelles à sa pauvreté et à la richesse des Européens « qui devraient faire plus pour les Africains».

Il a un grand fils qui finit sa médecine en France, et qu'il pousse à y rester, car « il gagnera plus et m'enverra de l'argent ». Je me souviens qu'à Kayes, le vieux syndicaliste de la CGT poussait au contraire son fils à revenir au pays « faire quelque chose pour l'Afrique », une fois acquis ses diplômes, et regrettait que « 90% des Africains fassent le contraire »...


Je m'attarde encore dans ce bourg, vais faire une petite visite à la mission catholique, discute avec les autres locataires. L'un est chargé d'aller vérifier que les correspondants de l'action contre le Sida ont bien fait leur travail de distribution de condoms dans les villages. L'autre a lui aussi un travail de supervision à la Croix-Rouge malienne, pour la promotion de l'utilisation des moustiquaires imprégnées. Ils me parlent de leur tache et son l'ampleur. Le second est de Kayes, et reconnaît que pour cette ville envahie par les moustiques, la seule véritable efficacité serait de curer le égouts comblés de poubelles.

Je rencontre aussi un Normand de 21 ans, s'appelant Guillaume, comme il se doit, et qui se déplace en touriste depuis deux ans, en utilisant les transports en commun. Je n'ose pas trop le questionner sur ses revenus, mais il semble bien vivre, pas clochardisé du tout. Il a même une guitare avec lui, ce qui nous fait un point commun.


Au hasard de mes promenades dans le bourg, je trouve quelques photos à prendre. Ce n'est jamais très facile. Si on ne demande pas la permission, on risque d'être confronté à des réactions hostiles, et si on demande, la photo perd sa spontanéité: en une seconde, tout le monde accourt et se place en rangs d'oignons.


Un four traditionnel,

un grand manguier, une rue...


Ah! oui! J'oubliais mon histoire de lionne.

Il y a quelques jours, on m'avait donné un nom malien: j'étais rebaptisé Mamadou Traoré. C'est une coutume et un jeu dans ce pays...

Et voilà que je discute avec un groupe de jeunes et leur parle de la lionne que j'ai croisée après Ségala.

Humour africain:

« Sais-tu ce qui se passe quand on se trouve nez à nez avec un lion? Et bien, le lion te demande comment tu t 'appelles. Si tu réponds que tu t'appelles Traoré, le lion te dit: « Mais les Traoré, ce sont de chasseurs de lions! » Et alors, le lion te bouffe. »

Et d'un commun accord, ils ont décidé que je m'appellerais désormais Mamadou Keita et non plus Traoré

Et moi qu'on appelait Nestor, à Moulinzart!

Je suppose que ces changements de nom vont évoquer chez toi des tas de prolongements, cher Alex!

Et qui mangera des cochons, dans ces pays massivement musulmans?

Et un soir, petite catastrophe!

Alors que j'ai l'électricité par le petit groupe électrogène ( nous sommes assez nombreux pour pouvoir la demander ), je me retrouve seul utilisateur vers 21 heures, et une surtension fait fumer mon transformateur d'alimentation!

Fini! F.I.N.I!!! Je n'ai plus d'ordinateur pour plusieurs jours, car je ne suis pas prêt de retrouver un transformateur correspondant à mon Asus. Deux petites heures

d'autonomie, et je n'irai pas bien loin...

Il me reste à battre les magasins de Bamako, quand j'y serai, en espérant que...

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commentaires

J
Maintenant je comprends la réponse à mon commentaire "je ne suis plus un traoré".<br /> On est entrain de prendre l'apéro (Bourgogne Aligoté/liqueur de cassis de Sylvaine). Je trinque à ta santé !<br /> Joyeux Noël à toi.<br /> Bises<br /> Jo
Répondre
A
<br /> Bière en apéro, bière avec les plats, bière au dessert.<br /> Mais pas avec le fromage, car il n'y en a pas.<br /> Merci pour ton mot.<br /> Armel<br /> <br /> <br />