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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 13:35


... noix de coco!

 




Mesdames et Messieurs les députés;

Chers délégués au Congrès de l'Association des Eplucheurs de Pommes de Terre du royaume unifié de Belgique;

Monseigneur l'évêque auxiliaire du Bas-Rhin, sa sainteté Alexandre 1er;

Cher Grand Volatile tardivement oublié, mais néanmoins (encore!) vigilant;

Je vous prierai d'applaudir vigoureusement les derniers personnages présents sur la scène de Bamako-Plage, à savoir:

Gilles, le talentueux recycleur recyclé...




La petite famille de Carteret.......
Derrière mon vélo, Dico, sont:

- à gauche sur la photo, N'mousso;
- à droite N'tiéééé...
...qui a entre les mains sa guitare, "Réunion Institutionnelle", de son nom poétique.




...Antonio, aristocrate lusitanien, aventurier romantique, collectionneur impénitent, et  qui s'est un peu trompé de siècle...





..... et voilà Tina, de ci, de là..... 












..... Fatou, la "Perrrllle affrriicaine"...














.....Gabriel, archange de son état, dit "le Grand Gaby", discrètement présent jusqu'au bout de mon voyage, ici déguisé en Michel Polnareff pour passer incognito....











.... Kader, représentatif d'une minorité de Maliens qui a le feu sacré et croit contre vents et marées en l'avenir de son pays. Il remuera cent montagnes, et remontera ses manches en lieu et place de ceux qui ont baissé les bras. Le voilà à l'affaire pour construire un centre de formation de jeunes et les orienter vers le métier de chaudronnier. Il méritera d'être ministre!
 

  

 

 

 

 

 




Anonyme, ce vieux mendiant qui ne m'a plus rien demandé après que je lui aie donné une petite pièce et fait un peu la causette, lui disant qu'il avait un très beau chapeau , et qui m'a fait un grand bonjour et un sourire à chaque fois qu'il me voyait.















... N'oublions pas les trois demoiselles "Castel" sans lesquelles la vie africaine serait très monotone ( pas sous la table, Alex, sur la table!). Bon, à droite, c'est notre copine Dominique, qui est venue de Niamey, au Niger.


Les visiteurs qui rentrent et sortent toute la journée de la maison, cousins, neveux, voisins....





..... Et le personnel de maison, tout le petit monde qui gravite autour de....


....... autour de Ma-Mousso, la grand-mère, et même arrière-grand-mère, ça ne se dirait pas!


Et enfin, s'il vous plaît...
l'Askia Imperator Mamadou Traoré-Keita....


Que tu peux voir ici parmi ses conseillers, de gauche à droite maître Fatoumata Dicko Zouboye, une des rares femmes notaires au Mali, son mari, l'ami Sidi, et sa petite soeur, "Bijou". Mais qu'est-ce qu'ils ont à rire comme ça dans mon dos?



... Et voici l'Askia Imperator Mamadou Traoré-Keita dans ses appartements privés. Mais qu'est-ce qu'ils ont à se marrer comme ça  derrière moi?


 

 











Ah! oui, ça y est, j'ai compris!
Ils ont pensé que mon bon vélo, ce cher Dico,  est fou à lier:  ils lui ont collé la camisole de force et l'ont renvoyé par le premier avion vers Reims.



Alors, il m'a bien fallu rentrer!


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16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 11:28
... le touriste!
La langueur africaine, que veux-tu, mon cher ami... Je me traîne et je délaisse un peu mon blog...
Nous avions prévu d'aller dans le pays Dogon. Hélas, ce circuit étant tellement à la mode que bien des villages ont leur tradition dénaturée par le tourisme . N'y aller que quelques jours, deux ou trois eût été nous condamner à ne voir que la vitrine, piège à visiteurs. Nous avons préféré aller à Djenné.
Ah! Il était très honnête, le chauffeur, sa voiture très belle, en bon état, son prix conforme à ce qui se fait dans la région, 50 000 CFA pour la journée. La surprise était dans sa consommation de fuel. Il voulait 50 litres pour 230 km. Rien à faire, il faut qu'il y ait une arnaque quelque part! Et il faut renégocier, et palabrer...
Bon, nous voilà près du fleuve Bani, à attendre le bac.
On me demande si je veux boire. Non, merci, zébu.

Troupeau de zébus en train de défiler sur la rive. Pas de train à regarder passer, pour eux. J'ai même l'impression un peu que c'est moi qui ai un regard bovino-ferroviaire...

Pas de problème, pour descendre du bac avec des roues lisses, ça passe! Seulement une prise de risque que les européens n'ont pas trop l'habitude de prendre.


Des enfants pêcheurs de petits poissons, sur la rive du Bani, avec en fond sonore le lecteur de cassettes du pilote du bac. Au Mali, on entend à tout bout de champ de la musique, la plupart du temps de la musique malienne, quelquefois du "reggae".

Et nous entrons dans Djenné. Pas dans la mosquée, car c'est impossible. Impossible aussi un tel panneau en France.

C'est un impressionnant édifice, construit en 1906-07, tout fait de terre sèche. Tous les ans a lieu le crépissage qui mobilise toute la population et des admirateurs venus de toutes parts. Selon les sources, ce crépissage se passe dans la liesse et la concorde. Selon d'autres témoignages, des dissensions apparaissent entre factions divergentes de l'Islam...

Une maison de style soudanais, si je me souviens bien, mais avec aussi des éléments marocains, dont les moussarabias aux fenêtres, parois de bois découpées comme de la dentelle et permettant d'observer à l'extérieur sans être vu(e).

Djenné est placé sous la protection de l'Unesco, comme patrimoine mondial, reçoit aussi de l'aide des Pays-Bas, entre autres. Ceci explique que les rues, petit à petit, sont nettoyées. Bon, il y a encore à faire...
L'activité touristique n'empêche pas la vie de continuer, authenticité africaine.



Comme dans tous les pays du monde, les enfants aiment se mettre à la rivière. Ici, ils vont chercher des appâts, semble-t-il, sans se soucier de la qualité de l'eau. Le dernier gamin semble traîner un filet...

Scène surprise, dans un village, sur le chemin du retour vers Mopti. Des femmes pilent le mil, pendant que d'autres le vannent, jettent au vent le son. Pas longtemps, car il faut être discret, si on filme sans permission.

Ensuite, le grain est conservé dans ces petits greniers qui seront recouverts d'un beau petit toit comme un chapeau de paille. On en voit un tout à fait au fond, entre deux habitations. Les greniers sont sur des pilotis, pour les protéger des parasites, notamment des termites. 

Sur le bord du Bani, des nomades se sont installés, entre les poteaux électriques modernes. Mais les moteurs sont encore trop coûteux. La rame est le moyen le plus sûr.




Et nous nous dirigeons en pirogue vers un village de Bozos. Bon, un peu un piège à touristes, mais intéressant tout de même. Ici un astucieux pont-embarcadère qui permet de charger les pinasses ( ndlr: contrairement à ce que d'aucuns pouvaient croire, mon cher Alex, en pays musulman, ce sont des barques, et non des transports de vin, contraction peu probable de pinard et vinasse).
Les Bozos sont un peuple africain spécialisé dans la pêche, qui migrent le long du fleuve Niger, sur deux mille kilomètres, en fonction des saisons, laissant la place aux agriculteurs, puis aux éleveurs. Un système très élaboré de réglementation de tradition orale  régit ces rotations, avec ses rites,  dont la mise en concordance avec le droit écrit pose des problèmes aux juristes maliens formés à l'occidentale.

Les pirogues des pêcheurs, avec leurs filets, et au fond, la mosquée traditionnelle, dans le style de Djenné; pas du tout comme les mosquées modernes qui toutes sont de style arabisant, payées d'ailleurs avec des capitaux du Moyen-Orient.

Au premier plan, tu peux voir, derrière le drapeau malien, une "Djakarta", petite moto chinoise peu coûteuse qui a été vendue à des dizaines de milillions d'exemplaires en Afrique. Qui n'a pas sa "Djakarta"? Et tous de lever les bras au ciel, en disant: "Djakarta, dangereux!". Au niveau de la mortalité chez les jeunes, c'est une calamité...


Le long travail de réfection des filets. Les pêcheurs ici ont une chance par rapport à ceux du Tréport. Il n'y fait pas froid comme en Normandie, en hiver, et les doigts ne sont pas engourdis.


La pêche s'effectue aussi avec des nasses, pour les petits poissons. C'est souvent le travail des enfants.


Un enfant sans gilet de sauvetage, une femme avec un bébé menant à la rame sa pirogue. On pousserait des cris de danger, en Europe... Ici, c'est naturel, le quotidien.
On va chercher des grandes herbes séchées afin de faire fumer le poisson, ou pour faire cuire les briques qui serviront à la ville à consolider le banco. Les puristes, parmi les défenseurs de la tradition de Djenné, rejettent l'usage de la brique, qui a été introduite par "le colonisateur". Je n'ai pas réussi sur internet à trouver où en était l'état de la recherche historique concernant l'apport français dans l'architecture de Djenné. Toujours est-il que l'Unesco a admis que la construction en brique était compatible.

Voici le petit poisson prêt à être fumé dans la paille. Quand la paille ne suffit pas, on ajoute des bouses de vache.

Et voici le belles briques cuites...



La corvée de bois, toujours les femmes, et dans ces zones où il n'y a plus beaucoup d'arbres, il faut souvent beaucoup marcher...


Et puis, et puis, l'heure va bientôt venir pour moi de mettre les voiles, mon cher et bon Alex ...

Un adieu au Bani, et je devrai penser à retourner dans mon pays, car les routes à travers les pays touaregs sont devenues peu sures...

A bientôt pour les adieux, mon cher ami.



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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 13:39

Bon... le temps passe et je perds encore, une fois de plus, mes repères.
Là, ça doit se passer après le premier janvier.
Ah! oui, j'oubliais ... Bonne année, cher Alex. "Et surtout la santé!", me dirait ma belle-mère.
Alors, j'ai prêté mon vélo à Lamine, rapide comme le vent, léger comme un papillon, mais juste pour la photo. Un peu "Obélix", paraît-il. 



Et comme Béa est venue me rejoindre à Bamako, j'ai changé de moyen de transport.
Le bus maintenant, direction Mopti, un voyage de 8h 30 dans le folklore africain. A chaque arrêt, les vendeurs et vendeuses de nourritures montent dans le car, tendent les bras aux passagers pour proposer à boire, de l'eau ou "des sucrés", à manger du pain, des oeufs, des beignets, des arachides, etc...
La société "Bani transport" est cependant étonnement bien gérée, du moins en apparences, de ce que nous en voyons. Les bagages sont numérotés, les places sont prises la veille et nominatives, et l'appel est fait au départ. Le bus est en bon état, ne tombe pas en panne, les pneus ne sont pas usés, le départ a lieu à l'heure, ainsi que l'arrivée. Preuve s'il en était besoin que les Africains sont tout aussi bien capables d'être rigoureux que les européens.

Mopti, ville portuaire à l'estuaire des deux fleuves, le Niger sur la gauche, le Bani à droite. Mopti vit au rythme des crues et décrues des fleuves et ne se soucie que peu des touristes.


La ville est  à l'entrée de l'immense lac Débo, qui constitue une véritable mer intérieure d'eau douce, et où les activités de pêche et de transport de marchandises sont intenses.

Au premier plan, les inévitables monceaux de poubelles, puis des calebasses, servant  toujours de récipients.
Des Des pinasses pleines à craquer, la ligne de flottaison frôlant les bords de la nef. Sur le toit de celle-ci, des sacs de charbon de bois...


A Mopti, de grandes quantité de poisson séché sont apportées du lac Debo, et de l'ensemble du bassin fluvial ... Le conditionnement reste traditionnel: ce sont les paniers tressés en forme de parallépipèdes rectangles que tu vois empilés sur le quai. Ils sont déchargés du bateau et seront placés dans des camions en vue de leur vente à l'intérieur des terres. Les Africains en raffolent, mais d'avoir vu le séchage avec des nuées de mouches m'a un peu refroidi... Bon, c'est vrai que les scandinaves sont dégoûtés de nos fromages français crus et fermentés...

A gauche en contrebas, tu vois des poissons-chats, qui sont séchés en couronne.



Voilà le marché des femmes, assez moderne, comparé à d'autres villes. Mais comme le Président ATT ( Amadou Toumani Touré) est originaire de Mopti, il distribue sur place ses bienfaits, et la ville aura un autre marché, encore plus beau, ainsi qu'un lycée tout neuf, un stade aussi. Dans la ville, on reconnaît le quartier de la présidente à ce qu'il est plus propre et que des égouts neufs sont en voie de réalisation.
Voici à nouveau une fête de mariage. Pendant deux jours, jusqu'à épuisement, les musiciens vont souffler et frapper, les danseurs vont se remuer (pas tous!). Le quartier est bloqué sur plusieurs rues, ce qui occasionne bien des embouteillages.
Et les artisans continuent leur travail, toujours à même le sol... Un forgeron-bijoutier ici, et plus loin ce travail de forçat consistant à lisser le bazin riche enduit de gomme arabique. Cette opération se fait à deux, au maillet. Toutes la sainte journée, les tâcherons frappent à s'en démolir les oreilles, à se démantibuler les poignets. Les pauvres, au bout de quelques années, ils doivent être sourds et avoir des douleurs pas possibles dans les bras!

Et maintenant, cher Alex, je vais te parler de la photo que je n'ai pas faite, de la video que j'ai ratée. 

Nous étions dans la famille de Modibo (Modibo, c'est le plus beau, surtout avec son bonnet). Hébergement tout à fait "typique", authenticité africaine garantie. 

Or, nous avions une chambre donnant sur la rue. La rue, c'est le lieu de vie, musique et palabres à grand volume jusqu'à une heure du matin. A ce moment, tout s'arrête, les voitures et motos ne circulent plus, les habitants sont allés se coucher.
Et c'est alors que sortent les chiens, des dizaines de chiens qui sont isolés de jour et organisés en meute la nuit, sous la conduite d'un chef auquel il incombe d'affronter les rivaux. Et l'on a sous les fenêtres ce spectacle allucinant d'une meute silencieuse de vingt ou trente chiens répartis sur la chaussée et surveillant le combat singulier de deux caïds. Et ceci peut se répéter une douzaine de fois dans les quelques heures précédent la première prière.
C'est tellement pénible d'être réveillé de la sorte que je n'ai eu en tête que de balancer au lance-pierre de quoi chasser ces importuns canins, alors que j'aurais été bien mieux inspiré de filmer la scène!
Allez, comme c'est la nuit, étrange nuit africaine, je vais finir par cette photo:

Le trafic continue... avec la pleine lune et une seule petite loupiote sur le bateau, les mariniers retrouvent leur chemin. Nous ne sommes pas encore en saison de trop basses eaux, d'ailleurs, et aussi, les notions de risque, de danger, prudence, etc... ne sont pas les mêmes...
Bon, cher Alex, Joyeuses Pâques, car je crains d'avoir raté le coche du jour de l'an!


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13 janvier 2009 2 13 /01 /janvier /2009 14:52

.... c'est comme la Chandeleur sur l'Île de Pâques, la saison n'y fait pas grand chose, et on peut en parler quand c'est le dégel.
Désolé, mon cher Alex, de t'avoir laissé si longtemps sans nouvelles. Plus d'ordinateur, plus de blog!
Bon, c'est vrai, c'est un peu du réchauffé...
Alors, voilà.

J'ai repris mon petit vélo, que j'avais laissé à Nossombougou, et je suis tranquillement allé vers le sud, où m'attendaient mes amis " futurs éboueurs".

En chemin, je retrouve les villages typiques, près même de la capitale, avec les fours, les greniers que d'aucuns prennent pour des maisons de schtroumphs.
Et le cocasse africain, omniprésent, dont les Maliens savent si plaisamment jouer, et en rire comme si l'humour était une philosophie de la vie, quand celle-ci est dure, ce cocasse qui me ferait prendre une photo toutes les minutes, si j'en avais le loisir.
Un bus vert me dépasse, avec sur la galerie au-dessus du toit tout un troupeau de chèvres, entassées les unes sur les autres,  dans un inextricable enchevètrement de bêlements cacophoniques .

Vingt kilomètres plus loin, la panne. Les voyageurs se mettent à l'ombre et attendent patiemment l'hypothétique réparateur. Que faire des chèvres? Certaines sont descendues, entravées et couchées au sol; d'autres restent sur le toit; et les dernières récalcitrantes sont enfermées dans le mini-bus!

En arrivant près de Bamako, on est surpris de voir tant de constructions qui ont été commencées et qui ne sont pas achevées, envahies par les broussailles. Il y a là, mis bout à bout un énorme capital qui est stérilisé, et dont l'économie africaine aurait le plus grand besoin. On m'a dit que c'est la manière qu'ont les Africains de se constituer un "bas de laine". Le dirigeant malien qui aurait la bonne idée de se mettre dans le rôle d'un Antoine Pinay, et réussirait à faire que ces constructions soient terminées et habitables, et de ce fait que les sommes qu'elle ont mobilisées soient réinjectées dans l'économie, rendrait un service considérable à son pays.

Bamako, un mélange de modernité et de savoirs-faire traditionnels... Surprenants, pour le regard européen, ces étais en bois, pour la construction d'un immeuble.

Un mélange d'infrastructures vieillies et modernes.


Voilà la gare qui devait être le point de connection du réseau ferré atlantique venant de Dakar, et de celui se dirigeant vers... l'Océan Indien, rien que ça, jusqu'à Djibouti! Bon, le sort en a été autre, car cette ligne s'est arrêtée à quelques kilomètres, près du fleuve Niger, sur lequel les marchandises continuent par pinasses vers le centre du continent.


Une voie ferrée plus que folchlorique, mais servant effectivement. Le rail est devant les moutons, en plein centre de la ville, et ceux-ci s'écartent lorsque plusieurs fois par jour passent les trains, qui se signalent par de grands coups de trompe.

Et puis, la vie reprend... Les vendeurs reprennent leur place, les moutons, les mendiants...

Les petits métiers...

Et chacun, ici, connaît l'autre, a ses habitudes.

Très dur, de voir les pauvres gamins...
Je suis resté quelques jours chez Gilles, qui m'avait prêté son appartement, - rien que ça! Rapidement, je me suis trouvé fondu dans le quartier, et j'ai vite compris qu'il ne fallait pas que les gamins prennent l'habitude de recevoir une aumône, car dans ce cas, ça devient intenable, on est harcelé de demandes. Terrible réalité!


A Bamako, il faut s'habituer à la pollution et à la poussière, qui font que tous crachent par terre à tout bout de champs. Les notions d'hygiène que l'on avait se relativisent...

Un beau concert de musique malienne.... Et voilà que Noël est arrivé...


.... que j'ai passé avec mes nouveaux amis.

Et maintenant, mon cher Alex, pour avoir des nouvelles de la Saint-Sylvestre, il te faudra attendre la Saint Glin-Glin...
C'est comme ça, c'est la vie!

 

 

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25 décembre 2008 4 25 /12 /décembre /2008 17:48

samedi 20 et dimanche 21 décembre


Avec les Allemands, je suis venu en exploration à Bamako sans mon vélo, car la grande ville m'inquiète toujours un peu, à cause de mon chargement.

Mais la ville est paisible, bien plus que Dakar.

Je prends un taxi. Le chauffeur, chapeau et barbichette très intégro-islamique se lance dans une diatribe anti-occidentale folle. Tout le mal du pays vient des émissions françaises de la télévision qui veut faire croire que les femmes et les enfants ont des droits. Rien d'autre à faire qu'à le laisser parler... Et de vider son sac devant un occidental, cela a la vertu de la calmer un peu. Je m'avise ensuite de l'enregistrer. Bon, ça a perdu de sa spontanéité, bien sûr...

 

Passage au Centre Culturel Français, repérage d'une « boutique à pastis », d'un restau à bière, et je rencontre un Français, un gars un peu plus vieux que moi, mais d'un dynamisme plus juvénile. Il vit dans un appartement relativement modeste, dans un quartier  moyenne-classe.

Ancien professeur, je peux discuter avec lui de la qualité du matériel pédagogique... Il s'est recyclé dans l'informatique, puis dans les affaires. Très sceptique quant à « l'humanitaire », il préfère faire du business de type "gagnant-gagnant", et mène plusieurs affaires de front. Entrepreneur "éthique" tout à l'inverse des prédateurs qui ne laissent derrrière eux que des ruines.

Entre autres, pour une société sous brevet espagnol, il se charge de commercialiser auprès de des transporteurs divers ( camions, bus, etc...) un additif aux carburants permettant, sur les vieux moteurs polluants qu'on rencontre en Afrique, d'économiser sans risque, environ 10% de la consommation: économie et écologie.

Autre société qu'il a montée, en collaboration avec d'autres copains à lui: le recyclage des bouteilles en plastique crevées qui traînent dans les rues. C'est rentable, il en fait des bassines en plastique fabriquées et revendues sur place, et emploie dans son usine plusieurs dizaines d'ouvriers.

Et voici le projet génialissime qu'il est en train de mettre en place:

Avec des équipes de « petites mains » recrutées dans les divers quartiers, il propose le ramassage des sacs poubelles de Bamako à raison de 15 000 CFA les 1OO Kg, une paie inespérée pour un mendiant: deux semaines de salaire d'un ouvrier! Un ingénieur polytechnicien a mis au point un système avec une pollution minimale pour brûler le moins possible de carbone ( récupéré en briquettes ) mais utiliser l'hydrogène, et ainsi actionner des turbines et obtenir de l'électricité à peu près au prix d'une centrale à fuel. Par contre, la chaleur fournie en direct est utilisable de manière très compétitive par des entreprises ayant besoin de chauffer des produits ( stérilisation de bouteilles, conserveries etc...). Avec ce projet qui est très près d'aboutir, il pourra recycler la moitié des déchets plastiques de la ville de Bamako! Et voilà de la salubrité en perspective... sous réserve bien entendu d'évaluation ultérieure des effets pervers, qui hélas ne manquent jamais d'accourir!

Quand je l'entends m'expliquer tout cela, j'applaudis des quatre mains et trépigne des deux pieds!

Je fais aussi connaissance de ses amis et nous convenons de passer Noël ensemble.

Je m'en retourne donc à Nossombougou ( bougou veut dire la case, en Bambara) en transport en commun pour chercher mon vélo et mes sacoches .

Nous sommes 25 adultes et cinq enfants dans la camionnette, dite "bus vert". Au départ, deux enfants mendiants viennent chanter devant la porte, ce que je suppose être un chant de voeux... C'est terriblement touchant. Pauvres gamins.

La technique me rappelle un peu les chants bretons. L'un entonne la phrase complète, et l'autre introduit une variante en final.

C'est un peu le brouhaha dans le bus, cher Alex, mais si tu tend l'oreille, tu peux entendre ces deux gamins.

 

Et voilà encore une journée incroyablement remplie!
Joyeuses fêtes, cher ami!


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25 décembre 2008 4 25 /12 /décembre /2008 13:30

18, 19 décembre...

N'ayant pas mon calendrier de l'Avant, je finis par me perdre dans les dates. J'imagine un peu ce que doit être en Europe la préparation fébrile des « ca-do ».

Ici, rien de tel, après la fièvre du Tabaski.

Je me suis arrêté à 70 kilomètres de Bamako, un bourg appelé Nossombougou où est un campement-hôtel assez bien tenu, le premier depuis Diéma.

Avant d'arriver, pendant une demi-heure, un jeune adolescent m'a suivi en vélo. C'était curieux. Il m'a dit bonjour, et c'est tout.  J'ai attendu "one-ca-do", sans déserrer les dents et ... rien. Arrivé devant le campement, je lui dis que je m'y arrête. Simplement, il me dit : "Au-revoir, je vais au collège", et il s'en va. J'étais tellement content que je l'ai rapellé pour lui donner une chambre à air. Il sont fous, ces Toubabous!

Je négocie le prix avec le patron. Comme il n'a pas d'autre client aujourd'hui, il accepte pour 7500 CFA, et je commande un poulet pour le soir, 4500 CFA avec frites. ( C'est toujours un petit poulet ) Et surprise, arrivent trois Allemands assez tard, dont l'un commande aussi un poulet. Le patron accepte, et nous nous retrouvons chacun, pour le même prix avec un demi poulet dans l'assiette. J'ai bien ri, mais surtout pour la grosse roublardise du patron, qui m'a divisé au bout du compte le prix en deux. Mais pas aux Allemands!


Je me promène dans le village. Je rencontre tout à coup une réunion de femmes dansant pour un mariage. Je m'approche et fais signe aux musiciens pour leur demander si je peux prendre des photos. D'accord. Les femmes sont tellement heureuses de danser qu'elle se foutent complètement de ce que je fais, et les maris ne sont pas là pour m'interdire la caméra. Car généralement, les femmes sont d'accord pour la photo, mais les hommes imaginent que je leur vole quelque chose de leurs femmes... Quoique ceci dépende de l'ethnie... Souvent, les Peuls et les Touareg aiment la photo.

Sur le sol, des petits sacs de sucre et des noix de cola que es invités remporteront...



Et puis, le soir, panne d'électricité. Il y a une fête d'initiation des 14 ans dans le village, mais avec seulement quelques lampes à pétrole, et je ne peux pas filmer. On m'explique que le Mali évolue, les cérémonies perdant leur caractère douloureux et traumatisant, mais la fête de passage, modernisée, n'en continue pas moins. D'ailleurs, filles et garçons sont au même lieu, en deux groupes, et le public rassemble tout le village.

Sauf...




Sauf un griot qui joue du grand n'goni, sur le chemin du retour vers mon campement, qui est seul avec sa vieille femme à égrener ses notes. Si je l'écoute, il faudra que je lui donne une pièce. Je choisis donc de faire le généreux, et de lui demander de pouvoir le flmer, à la lueur d'une lampe électrique. Voici:

Mon cher ami, je ne sais si tu peux voir le technique. Les trois derniers doigts de la main s'appuient sur l'instrument, et ce sont pouce et index des deux mains qui pincent les cordes à vide, comme sur une harpe.

Il faut demain que je m'approche de Bamako pour cause d'internet, d'alimentation de mon ordinateur, et aussi pour prolonger mon visa, car si je n'y prends garde, je vais me retrouver en situation illégale...


PS: A supposer qu'ils aient existé, les Rois Mages étaient accompagnés d'une escorte ( ca-do obligent! ) et disposaient de leurs papiers, qu'on n'appelait pas « visas », ou permis de séjour à l'époque, mais lettres de recommandation. Le pékin qui ne disposait pas d'appuis et d'introduction auprès d'une personne influente et de pouvoir, avait toutes les chances, dans l'antiquité, d'être dévalisé et au bout du compte réduit en esclavage. Rien de neuf sous le soleil! Le seul point commun avec les actuels migrants est qu'un mage était paraît-il noir, mais avec ça,  pour séduisante que peut facilement paraître l'analogie, elle est de piètre valeur argumentative.

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23 décembre 2008 2 23 /12 /décembre /2008 13:32

Lundi 15 décembre 2008

Arrivé hier soir à Kolokani, Kolon kani, le puits sacré.



On m'avait assuré qu'il y avait plusieurs hôtels ou campements, ici. On m'indique avec un grand sourire amusé la direction d'un hôtel. Visiblement, on se paie ma tête, aussi je préfère aller à la gendarmerie.

Bon, j'ai un peu l'habitude en Afrique qu'on se paie ma tête. Je crois que c'est ma curieuse diligence qui en est la cause. Heureusement, cela ne dure pas bien longtemps, et très rapidement la moquerie se transmute en curiosité admirative: le lien n'en est que plus rapide.



Le fonctionnaire présent s'en amuse aussi, car « il n'y a ici que des chambres de passe », et m'indique l' INRST, Institut National de Recherche de Santé, etc.. etc... Là comme à Kayes, il y a un mur impressionnant qui enclos un vaste espace avec quelques bâtiments désaffectés et le logement du concierge.

Tout de même, une salle de réunion qui semble effectivement servir, bien que le tableau porterait à sourire...

Mais gare aux apparences trompeuses. Dans la semaine, de nombreux groupes de paysans viennent en formation ici. C'est le nom ronflant d'Institut de Recherche qui surprend.



Je trouve tout de même une chambre à peu près convenable, avec un point pour se laver, des WC et pour le première fois depuis que je suis entré au Mali, une chasse d'eau qui fonctionne. Par contre, la ville de 1O OOO habitants n'a pas de réseau électrique, et comme nous ne sommes que deux locataires, le gérant n'a pas mis en route le générateur. Le lendemain, nous sommes plus nombreux et aurons l'électricité, mais le gérant-concierge n'ayant pas d'avance, me demandera de lui payer le prix de ma chambre pour pouvoir aller acheter du carburant, c'est chose courante en Afrique...

Je vais à la découverte en fin d'après-midi, et trouve un café tenu par un catholique, et servant donc de la bière. Il y a d'ailleurs une petite mission dans le bourg, dont on entend le tintement des cloches à 18 heures, une heure après le muezzin. Philippe est le patron du café, et trône avec la bible de Jérusalem à portée de la main. Je suis allé deux ou trois fois chez lui, mais il est assez usant à faire des allusions continuelles à sa pauvreté et à la richesse des Européens « qui devraient faire plus pour les Africains».

Il a un grand fils qui finit sa médecine en France, et qu'il pousse à y rester, car « il gagnera plus et m'enverra de l'argent ». Je me souviens qu'à Kayes, le vieux syndicaliste de la CGT poussait au contraire son fils à revenir au pays « faire quelque chose pour l'Afrique », une fois acquis ses diplômes, et regrettait que « 90% des Africains fassent le contraire »...


Je m'attarde encore dans ce bourg, vais faire une petite visite à la mission catholique, discute avec les autres locataires. L'un est chargé d'aller vérifier que les correspondants de l'action contre le Sida ont bien fait leur travail de distribution de condoms dans les villages. L'autre a lui aussi un travail de supervision à la Croix-Rouge malienne, pour la promotion de l'utilisation des moustiquaires imprégnées. Ils me parlent de leur tache et son l'ampleur. Le second est de Kayes, et reconnaît que pour cette ville envahie par les moustiques, la seule véritable efficacité serait de curer le égouts comblés de poubelles.

Je rencontre aussi un Normand de 21 ans, s'appelant Guillaume, comme il se doit, et qui se déplace en touriste depuis deux ans, en utilisant les transports en commun. Je n'ose pas trop le questionner sur ses revenus, mais il semble bien vivre, pas clochardisé du tout. Il a même une guitare avec lui, ce qui nous fait un point commun.


Au hasard de mes promenades dans le bourg, je trouve quelques photos à prendre. Ce n'est jamais très facile. Si on ne demande pas la permission, on risque d'être confronté à des réactions hostiles, et si on demande, la photo perd sa spontanéité: en une seconde, tout le monde accourt et se place en rangs d'oignons.


Un four traditionnel,

un grand manguier, une rue...


Ah! oui! J'oubliais mon histoire de lionne.

Il y a quelques jours, on m'avait donné un nom malien: j'étais rebaptisé Mamadou Traoré. C'est une coutume et un jeu dans ce pays...

Et voilà que je discute avec un groupe de jeunes et leur parle de la lionne que j'ai croisée après Ségala.

Humour africain:

« Sais-tu ce qui se passe quand on se trouve nez à nez avec un lion? Et bien, le lion te demande comment tu t 'appelles. Si tu réponds que tu t'appelles Traoré, le lion te dit: « Mais les Traoré, ce sont de chasseurs de lions! » Et alors, le lion te bouffe. »

Et d'un commun accord, ils ont décidé que je m'appellerais désormais Mamadou Keita et non plus Traoré

Et moi qu'on appelait Nestor, à Moulinzart!

Je suppose que ces changements de nom vont évoquer chez toi des tas de prolongements, cher Alex!

Et qui mangera des cochons, dans ces pays massivement musulmans?

Et un soir, petite catastrophe!

Alors que j'ai l'électricité par le petit groupe électrogène ( nous sommes assez nombreux pour pouvoir la demander ), je me retrouve seul utilisateur vers 21 heures, et une surtension fait fumer mon transformateur d'alimentation!

Fini! F.I.N.I!!! Je n'ai plus d'ordinateur pour plusieurs jours, car je ne suis pas prêt de retrouver un transformateur correspondant à mon Asus. Deux petites heures

d'autonomie, et je n'irai pas bien loin...

Il me reste à battre les magasins de Bamako, quand j'y serai, en espérant que...

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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 17:50

Je commence à me perdre dans les dates....samedi 13 décembre 2008


Partant de Diéma où je me suis reposé dans la langueur de cette bourgade du Kaarta, je fais une trentaine de kilomètres et, après une crevaison, m'avise qu'il y a encore 120 kilomètres à faire avant de trouver un bourg avec un hébergement possible. Et là je craque, je m'arrête et fais de l'auto-stop.


Au bout d'une petite heure, s'arrête un 4X4 pick-up, c'est à dire ayant une partie benne, voiture de fonction d'une compagnie minière de la région de Kayes. Le jeune conducteur, un Songhaï de Tombouctou, semble gêné, pris entre deux désirs, d'une part respecter la règle que son chef australien lui impose, interdisant une utilisation privée de son véhicule, et de l'autre le désir d'améliorer sa paie. I n'a pas de prime de déplacement, dit-il, malgré les promesses...

Finalement, il me prend en disant ne pas me demander d'argent, mais acquiesce quand je lui parle d'indemnisation... C'est vrai aussi qu'il a 600 kilomètres à faire seul, de Kayes jusqu'à Bamako, et c'est long, car il fait le trajet toutes le semaines, aller et retour pour le compte de la mine. comme je lui parle de la lionne que j'ai rencontrée avant sept heures après Ségala, il me dit l'avoir déjà vue au moins deux fois aussi, et qu'il lui et arrivé de devoir attendre qu'elle daigne se retirer de la chaussée.

Il me parle des mines d'or qui hélas, à part les salaires versés aux ouvriers ne rapportent que peu au Mali, car les contrats avec les sociétés sud-africaines et australiennes, ont été très mal négociés au départ. Et, refrain qu'on entend partout: nos dirigeants ne pensent qu'à s'en mettre plein les poches, et ne laissent rien à la population, etc...

Quand tout à coup, la catastrophe: appels de phares en face, le chauffeur doit s'arrêter: c'est son chef qui l'a croisé en face, et a vu quelqu'un d'assis à côté de lui. Il descend, va s'expliquer avec son chef; j'attends trois minutes et vais voir un australien obèse assis à l'avant, discutant avec son interprête. Quelques mots en anglais, et je donne exactement la même version que mon chauffeur a donnée en Bambara: j'ai un ennui avec mon vélo, et son subordonné a accepté de me dépanner gratuitement. L'Australien me fait un large sourire: « No problem », et chacun repart de son côté. Mon Songhaï est confiant: « Je n'aurai pas d'ennui, car avant de partir, ce matin, je n'ai pas oublié de téléphoner à mon père pour avoir sa bénédiction. Si je ne l'avais pas fait, mon chef se serait fâché ».

Est-ce que tu en es aussi convaincu que moi, Alex? La toute puissante parole du père ...

Pour ce qui est de la transaction, entre catholique et musulman, nous avons trouvé de manière tacite un accord bien hypocrite: il m'a offert un coca-cola que je lui ai remboursé 6000 CFA. ET ça marche comme ça: ce n'est pas le transport que j'ai payé.

A Didiéni, le seul campement est semblable à ceux que j'ai vus aileurs... Le ménage n'est fait et les draps changés que si le client le réclame. La dernière fois peut dater... Inutile donc quand on arrive juste en fin d'après-midi: il faut se débrouiller avec son matériel personnel.

C'est un bourg où s'arrêtent les chauffeurs des poids lourds pour manger dans les gargotes du village et dorment dans leur cabine, comme en France. La famille qui tient le campement fait de la restauration son activité principale. Soirée très agréable avec les camionneurs. J'ai mangé de mon côté devant ma chambre et vais les rejoindre auprès du feu où les chaudrons sont posées. Je joue de la guitare, et comme d'habitude, les langues se délient, les gens sont heureux d'avoir un Toubab qui faute de partager la nourriture, partage la musique. Car j'avoue que j'ai encore du mal à plonger ma main dans la marmite commune, de riz à la sauce et j'ai le bon prétexte d'avoir les doigts occupés.

Les fillettes de la famille sont là, mangeant dans le coin ds femmes tandis que leur mère et grandes soeurs vont et viennent pour le service. Elles sont tellement gentilles que je leur offre à chacune un ballon de baudruche, elles qui ne m'ont rien demandé et simplement offert leur sourire sans qu'il y ait de « Donne-ca-do ».

Filles très sages, assises à attendre, elles font entendre un vague couinement amusé en pinçant le gouleau de leur baudruche. Aussitôt, réaction négative d'un chauffeur qui se lève et leur intime l'ordre de ne pas faire de bruit: en Afrique, les enfants doivent être totalement silencieux, même dans le brouhaha ambiant...

Départ assez tôt dimanche 14.

Crevaison à nouveau au bout de vingt kilomètres; toujours ce fichu fond de jante que j'aurais dû changer avant de partir. Bêtement, je n'ai qu'un fond de jante de rechange et, crevant alternativement à l'avant et à l'arrière, je suis condamné à rafistoler par petits bouts à chaque fois. Rapidement, un attroupement de gamins m'entoure et c'est à qui prendrait la roue, pousserait dans un sens, dans un autre. Les mouches du coches sont toutes là à me gêner. Je suis bien ennuyé, car j'ai dû déballer tous mes bagages, les détacher et les poser sur le côté, pour pouvoir faire me réparation. J'ai beau leur dire de s'en aller, de me laiser tranquille, ils me tournent autour, jusqu'à ce que je trouve le mot magique: l'un me demande « Donne-cadeau », et je réponds: « Non, y'a pas cadeau ». Aussitôt, ils comprennent qu'il est inutile de rester, et s'en vont déçus, sauf un, dont je ne peux me défaire. Il reste seulement en curieux. J'ai du cambouis pein les mains, avec cette longue chaîne qui s'était mise en 8... Le jeune est toujours là. C'est bête, lui restait par curiosité et sympathie, et je l'avais envoyé promener comme les autres. Attend-il aussi « ca-do »? je n'en sais rien...


Arrivée dans l'après-midi à Kolokani bourg monotone, etc, etc... J'ai l'impression d'avoir déjà écrit ça!

Et en plus, cher Alex, on trouve moyen de ne pas s'y ennuyer!

Et là, voilà mon nouveu lit!



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21 décembre 2008 7 21 /12 /décembre /2008 19:48

Jeudi 11 et vendredi 12 décembre 2008

Ne t'inquiète pas, Cher Alex, je ne suis pas encore mort!

Me voilà arrivé à Diéma, bourg monotone, un peu à l'écart, à deux kilomètres du goudron, du rond-point où le principales boutiques sont installées, et que les habitants appellent curieusement le « centre », endroit où les mauvaises habitudes dakariotes sont déjà prises: « donne-ca-do », « hé mon ami », etc, etc...

Il y a un hôtel, un seul, à l'autre extrémité du bourg, fort mal placé pour qui vient du goudron, où est le seul panneau indiquant ce lieu d'ébergement dans Diéma. Il est de construction très récente, moins de cinq ans, mais déjà, hélas, les signes de mal-façon se manifestent. Le carrelage n'a pas été placé, ce qui n'est pas un drame, mais le sol, cimenté d'une trop mince pellicule, est enfoncé de part en part. Le pavage de la cour, déposé à même le sol, ne supporte déjà plus le poids des automobiles que les clients peu nombreux viennent garer. L'installation de l'eau courante qui passe quelque part dans les fondations, souffre d'une fuite importante, ce qui oblige chaque utilisateur à aller ouvrir puis refermer après utilisation le robinet d'arrêt au compteur. L'électricité est à l'avenant... Quel dommage! C'est pourtant le seul hôtel sur plusieurs centaines de kilomètres, de Kayes à Bamako...C'est malgré les petits défauts de la construction une halte bien agréable.

Ousmane en est le gérent et co-actionnaire. Par ailleurs, il travaille à la perception des factures d'électricité, pour le centre de gestion. Il m'invite à partager son repas, qu'une de ses nombreuses maîtresses a préparé. Par délicatesse, il a prévu une cuiller pour moi – j'en avais mis une dans ma poche avant de m'installer, pour le cas où... Très curieux, comme tous les Africains, il veut savoir si je suis marié, si j'ai des enfants, etc... Il me parle de ceux qu'il a eus d'autres femmes, et je mesure encore là combien nous sommes  dans des systèmes de valeurs différents. Etonnement et même réprobation réciproques: pour lui, il n'y a pas de dette du père envers l'enfant, puisque ce dernier n'a encore rien donné. C'est le contraire qui se produit: le fils a une dette envers son père dès lors que celui-ci l'a élevé et nourri. Des enfants sont dans la nature? C'est l'affaire de la mère et de sa famille.


Dans ce bourg, seulement  la terre battue, le sable, dans les rues, où il faut faire attention aux motos qui foncent en faisant du slalom entre charrettes à ânes et piétons. J'y ai eu droit! Un motard venant de mon dos m'a évité de justesse, obligeant un autre à faire un écart et à tomber. La réaction facile a été immédiate: « C'est la faute au Toubab! », de même qu'un Africain pourrait avoir droit, hélas, à l'équivalent symétrique en France. Racistes Sans Frontières, unissez-vous!


Une architecture assez pauvre, me semble-t-il... je n'ai que peu de photos à prendre pouvant mettre en valeur un attrait particulier de l'habitat. Comme il y a de la place, les constructions sont assez éparses, les rues larges, naturellement jonchées de restes de poubelles, car aucun ramassage d'ordure n'est prévu,  pas plus qu'un endroit où la population désireuse de propreté pourrait les porter. Du travail en perspective pour d'éventuels Eboueurs Sans Frontières! C'est de ça que l'Afrique a besoin...


« Bonjour, comment ça va? », serrer des mains à n'en plus finir, c'est très sympathique. Je rencontre trois jeunes habillés comme des triplés, du même vêtement. Comme j'engage la conversation avec le groupe des « intellos » attendant sur le trottoir – un professeur, un instituteur, un vétérinaire -, ceux-ci m'expliquent qu'il s'agit de jeunes de 14 ans qui ont été initiés, et qui vont constituer la « classe ATT », en l'honneur des initiales du président. Désormais, ils seront intégrés à la vie collective, on leur confiera des taches spécifiques qu'ils devront mener à bien. D'après ces trois intellos, c'est une bonne chose, et il n'y a aucun  problème entre cette forme d'organisation traditionnelle et la légitimité de la représentation démocratique moderne. L'ennui, c'est que les taches ingrates sont confiées aux classes les plus jeunes, et que ce sont les vieux qui décident, y compris dans le choix du nom donné à la classe... Il n'y a pas de friction semble-t-il entre cette forme d'organisation, les chefferies traditionnelles, et le pouvoir des conseils municipaux, si j'ai bien compris, pour cette bonne raison que ce sont le vieux qui siègent aux conseils. J'ignore de quelle manière cette forme d'organisation  traditionnelle peut perdurer lorsque plusieurs ethnies cohabitent, ou dans les villes ayant connu de grands mouvements de population...
Admettons cependant que le mode de résolution des conflits à l'africaine, par des palabres à n'en plus finir aboutissant cependant à un concensus a ceci de positif qu'il permet une vie sociale paisible. Le revers de la médaille étant l'éviction des processus de décision des jeunes, des femmes, des "gens de peu".
Ici, on ne fait pas n'importe quoi, me disent les intellectuels: il y a une loi traditionnelle non écrite qui a un caractère sacré. Celui qui la transgresse doit partir, est condamné à l'exil. J'ignore aussi quelle peut être de nos jours la portée de l'ostracisme. Certainement moins pesante que jadis, puisque l'émigration de nos jours est  valorisée. 


Ici, ce sont surtout des portraits que je peux te proposer en photos, mon cher Alex.


Du bon pain, du très bon, même, fait par ce boulanger dans son fournil, sur feu de bois... Rien à faire! Si on prend des photos par surprise, c'est très mal vu. Et si on demande la permission, c'est raté, ils se mettent en rangs d'oignons, et on perd la spontanéité!

De jolies jeunes et moins jeunes femmes Peules, avec leur coiffure toute confectionnée de perles, pièces, clinquant.






Et ce bistrot « typish » près du goudron, où l'on peut boire de la bière. Les patrons, très sales d'ailleurs, ce qui est loin d'être le cas de tous les Africains, me servent ma bière et retournent à leur sieste se vautrer sur les lits de camp.



Et  j'ai rencontré une « Toubabe », curieuse baba-cool venant de Nantes passer ici quatre mois tous les ans, dans une famille, en adoptant les habitudes de vie locale, tandis qu'en contre partie sa camionnette Trafic-Renault, dont elle se sert en France pour faire des livraisons,  est adoptée par la famille.
On discute de beaucoup de choses ayant trait à l'Afrique. Elle me dit qu'au début, elle s'ennuyait beaucoup dans ce bourg perdu, mais qu'à force, elle s'est habituée à cette manière de vivre nonchalante, les journées se succédant les unes aux autres sans qu'elle s'en plaigne. Il n'y a qu'aux fêtes qu'elle « s'emmerde terriblement », et essaie de passer au travers des baptèmes, mariages, diverses autres cérémonies, et même pour la fête de Tabaski!

Et puis, juste avant que je ne parte, sont passés à l'hôtel trois espagnols dont l'un est un savant bricolo. Nous avons ensemble démonté mes freins et trouvé partiellement une solution : mes plaquettes étaient usées prématurément à cause d'une butée malencontreusement placée sur une vis. J'espère que ça va tenir, maintenant.
Et demain, vers le Sud, mon cher Alex!

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20 décembre 2008 6 20 /12 /décembre /2008 11:46

De dimanche 7 à mercredi 10 décembre 2008

 La fête de Tabaski, ça ne manque pas de piment! C'est la fête du mouton, pour commémorer le sacrifice d'Abraham. En fait, aux moutons, on leur fait leur fête.


Les jours qui précèdent sont marqués d'une intense fébrilité: les femmes se font belles, en se faisant les unes les autres des tresses compliquées et longues à réaliser; on nettoie les vêtements, et, si on est assez riche, on fait venir à la maison un tailleur qui fera sur mesure de beaux vêtement pour toute la famille. Les ateliers de couture débordent d'activité, pour confectionner des habits traditionnels, et à cette occasion, ne sont pas concurrencés par la fripe caritative: pas question de mettre un blue-jean ou un maillot portant le nom d'un footballeur de la « Juve ».


 On travaille à la couture tant qu'il y a de l'électricité, et comme il y en a presque tout le temps à Kayes, l'atelier tourne en permanence. C'est un gros avantage de la région, qui est proche des barrages hydro-électriques du fleuve Sénégal: ici, point de vieille « Singer » à pédale, mais des machines performantes et relativement modernes.
Quand la « peste syndicale » aura bien heureusement touché les ateliers chinois, peut-être l'industrie textile se dé-localisera-telle dans la région, qui a pour cela des atouts certains: électricité, main d'oeuvre qualifiée et nombreuse, matière première en coton produit ici-même, débouché sur le port de Dakar avec la nouvelle route dont l'achèvement est prévu en 2009. Mais revenons à nos moutons.
J'aurai appris qu'il ne faut pas manger de viande grillée vendue sur le marché, juste avant la la fête de Tabaski, car je crois qu'on réserve pour la grande occasion les meilleurs bêtes, et se contente avant des vieilles carnes. J'ai eu tellement de mal à mâchouiller ce que j'avais acheté, que des fibres ont fini par aller se loger sous mon bridge, pour lequel j'avais subi une petite intervention chirurgicale en début juillet. Et trois jours plus tard, je me retrouve avec un abcès sur la racine support. Bon, j'avais emporté des antibiotiques et une petite fiole de bain de bouche. J'espère qu'avec ça la chique va disparaître.

Je me suis remis en route dimanche matin. Sur le chemin, je trouve deux pauvres gars en rade avec leur camion. Ils attendent qu'on leur apporte une pièce à remplacer sur leur tracteur. Là encore, je constate que les Africains ne sont ni mieux ni pire que les occidentaux, n'en déplaise à ceux qui n'ont de cesse, chez nous, de magnifier et idéaliser leur sens de la solidarité, qui existe bien, mais imitée à l'ethnie. Ce qui est trompeur, c'est le fait que le Toubab sera toujours aidé...
Alors que les deux pauvres gars n'ont ni rien mangé ni bu depuis la veille, les conducteurs de véhicules passent avec la même indifférence que nous manifestons devant un SDF en France, et la même aussi que j'aurais indubitablement eue si je n'avais prévu un peu de rab, pour le cas où...


Pour aller vers l'Est, on gravit des montagnes, petites mais néanmoins fatigantes. Les bourgs s'échelonnent tous les trente, cinquante, ou quatre-vingt kilomètres, Ségala, Sandaré, Lakamané, et il n'y a pas d'hôtel ni de campement, mais une chambre prévue pour les voyageurs à proximité de la mairie.

Bon, ce n'est pas cher, mais très ... spartiate. Alors, il faut demander à voir monsieur le chef de village, ou monsieur le maire. C'est soit monsieur Amadou Coulibaly, soit monsieur Mohammed Coulibaly, soit monsieur Mamadou Coulibaly, soit monsieur Hamed Coulibaly, soit on recommence en remplaçant Coulibaly par Traoré. Des gens très affables, très sympathiques, très liants, souvent des enseignants âgés( la république des instituteurs!), toujours intrigués par mon vélo et disposés à parler de leur région, de leur village, de leurs administrés. Le maire, chapeaute plusieurs villages, un peu comme un président de communauté d'agglomération en France.

Le chef de village m'accueille ici, et sa famille est heureuse de poser pour la photo. Il me parle de la fête de Tabaski, pour laquelle il y a eu de la musique tard hier soir. Mais j'étais trop fatigué pour me joindre aux villageois... Je lui dis que moi aussi, en France, cela m'est arrivé de faire la fête avec mon chef de village ...

Un matin, partant tôt avant sept heures, j'ai vu, traversant comme un chat en glissant furtivement sur la route, à cinquante mètres devant moi, un félin dont j'ai conservé l'image en mémoire. Je me suis gardé de chercher mon appareil photo, me souvenant que c'est l'imprudence à ne pas commettre, la bête interprétant ce geste comme l'intention de sortir une arme... Il ressemblait fort à une lionne, les flancs couleur fauve et le dos plus clair, la queue longue avec l'extrémité un peu recourbée en forme de crosse, mais un peu petit par rapport à ce que j'ai pu voir au cirque ou au zoo. Mais son pelage n'était pas tacheté comme l'est celui du guépard. J'ai attendu un peu et suis reparti en passant devant au moment où une voiture venait en sens inverse, et n'ai rien vu parmi les hautes herbes. Bon, me dis-je pour me rassurer, c'est exceptionnel et ne se reproduira certainement pas.

Le long du chemin, je croise des Peuls. Les gentilles fillettes sont heureuses de figurer sur la photo et ne demandent rien d'autre.

Des femmes Touaregs (on doit dire Targuis, au pluriel!) et un cavalier, dont tu peux voir à arrière le campement, qui eux aussi ne me demandent rien du tout.


Ai-je bien fait? J'ai eu envie de leur donner un quelque chose, un petit objet pour les remercier... Peut-être hélas les ai-je tirés vers le cycle du « donne-ca-do »... De quelque manière dont on s'y prend...

 Curiosité archéologique ou géologique? Un étrange champ de pierres érigées à la verticale, hautes de 50 cm à un mètre. Ce sont des ardoises ou des schistes qui sont plantées là par milliers, selon une orientation est-ouest. Autre curiosité, le long de cette ancienne route coloniale conservant quelques bornes miliaires vieilles de cent ans, des vestiges de terrains irrigués de même époque.

Moi qui suis amoureux des vieilles pierres et qui n'ai hélas pas pu aller voir ni le tata de Koundian, ni le fort de Médine, avec mon vélo, je me rabats sur ce que je trouve... Dans cette zone de savane bien plus sèche que ce que je rencontrais dans le pays Mandingue, au sud, le animaux ne sont pas toujours à la fête.


Pauvre âne blessé, qui va se rouler à terre, certainement pour gratter ses parasites, lesquels attirent les oiseaux, de même que sur le dos des zébus.


Décidément, il n'y a pas que les fleurs roses qui poussent ici. Charognes et fleurs du mal jalonnent la route: c'est la fête de la vermine, et non celle des boeufs ou des moutons!

Cher Alex, me voici arrivé à Démia. La route est bonne bien que fatigante et je rencontre depuis plusieurs semaines le premier hôtel avec WC (sans chasse d'eau, il ne faut pas rêver!) et eau courante, moustiquaire au-dessus du lit et aux fenêtres, électricité quelques heures, et ventilation qui fonctionne. Je vais donc rester un peu ici à me reposer.
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