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1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 11:02

Mercredi 26, jeudi 27, vendredi 28 novembre 2008

 

J'ai tout préparé hier soir, afin de ne pas perdre de temps au matin, car c'est encore une journée très dure qui s'annonce.

Je suis sur le vélo à 6 h 30.

Surprenant: après 50 km de route défoncée, 30 km d'une route parfaite, un superbe billard en pleine brousse, et luxe insensé, avec des panneaux de signalisation neufs, sur la distance séparant Saraya du futur site d'exploitation du minerai de fer d'Arcelor-Mital. Mais pourquoi avoir fait les choses dans le désordre? Car ces 30 km ne servent strictement à rien! Personne sur la route, j'ai dû croiser deux voitures... Je ne comprends pas.

Bouffé par les taons! Des nuées de taons, qui se développent spécialement dans cette zone séparant Saraya de la Falémé! Vois un peu, cher Alex quel accoutrement je dois supporter en pleine chaleur! Et ces scuds insectes trouvent à me piquer au travers!

Puis 20 km épuisants de piste défoncée par les travaux préparant la future route. Spectacle étrange encore: 20 km de chantier complètement désert, sans âme qui vive: chantier abandonné en attendant les hypothétiques financements qui permettront un jour la reprise des travaux.

Là, ce n'est qu'un marigot, pas la rivière encore...

Passage de la Falémé très éprouvant: j'arrive vers 13h.

Au poste de police, le fonctionnaire de service n'arrive pas à comprendre que mon visa est valable un mois à compter de mon entrée au Mali. En fait, il cherche un angle pour.... « Et le ca-do! » geignard, en final. « Comprenez-moi, on ne peux pas se faire d'argent, on peut rester des semaines sans qu'il ne passe personne ici. »

Là,  je n'y coupe pas! Une bande de gamins tourne autour de mon vélo resté à l'extérieur. Je savais que ce passage de frontière était difficile! Je donne une bricole de 500 CFA au policier, lui laissant mesurer l'étendue de ma générosité. Le passeur en chef, et qui trône au poste de police, a le monopole des pirogues. Impossible de ne pas passer par lui. Heureusement, la veille, à force de chercher, j'avais rencontré un type le connaissant et dont j'avais noté le nom, que je balance à l'instant. Je m'en tire pour seulement 2500 CFA, ce qui est très très bien, comparé au prix de départ qu'il demandait.

Le site de la Falémé est très beau. Hélas, ayant caché tout signe de richesse, je ne peux pas faire de photos.  Sur les deux rives du fleuve, une nuée de gerfaux m'attend pour me soutirer quelque chose. Il faut, pour rester maître de la situation, toujours plaisanter, et faire mine de négocier. Je propose donc de payer une partie du passage en donnant ma carte du Sénégal, achetée en France et concervant l'étiquette: 8,40 euros. Je barratine, disant que cette carte au Sénégal vaut bien 6000 CFA, et qu'on peut la revendre facilement 10 000 à un toubab faisant le trajet inverse. Tout ça pour gagner du temps et pouvoir ré-harnacher correctement mes bagages. Au bout du compte, je distribue quelques cachous, je donne une bouteille vide à un gamin, et offre généreusement ma carte au moins hargneux des adultes. Bien vu, car sans son aide, je n'aurais pas pu gravir les rives du fleuve!

 

Mais le plus dur m'attend encore.

Les vingt derniers kilomètres sont terribles, sur un sentier muletier tantôt sableux, tantôt accidenté. Pour trente mètres sur le vélo, il y en a 300 à pousser. Vingt fois je tombe de vélo, et dois reprendre mon souffle pour soulever les 70 kilogrammes... J'avance à deux ou trois kilomètres à l'heure. Sur les derniers kilomètres, un bulldozer a été passé par l'entreprise chinoise chargée de la construction de la prochaine route, et là, c'est foutu, complètement labouré, impossible d'avancer.  Je commence à espérer un hameau pour demander l'hospitalité.

Aujourd'hui, le Grand Gaby vient de l'Empire du Milieu. C'est un Chinois de l'entreprise qui me sauve de l'épuisement sur les cinq derniers kilomètres, en transportant mon chargement dans la benne de son 4X4 jusqu'à l'unique campement de Kéniéba.

Et quel campement! Le plus pauvre qu'on puisse imaginer! Un sol de terre battue , un lit au drap sale et déchiré à force d'usage, un toit de tôle ondulée. Un trou pour les toilettes, un seau pour se laver qu'il ne faut pas oublier de remplir au bon moment, quand il y a de l'eau dans les tuyaux.

Au moins j'y suis au repos pendant deux jours.

Dans la nuit, tout brûle alentours.

Beaucoup d'Africains déplorent ces incendies, dont ils savent qu'ils sont causés volontairement par le braconniers, entre autres. Depuis que je suis parti de Kaolack, il y a plus d'un mois, je ne vois que feu et fumées, j'entends crépiter le long des routes, et les arbres calciner. Oui, la déforestation est bêtement en marche. Les arguties des quelques partisans du feu ne parviennent pas à convaincre les Africains eux-mêmes. Ce sont de vieilles pratiques qui ne cadrent plus avec l'urgence écologique que nous connaissons.

 

Premiers contacts avec le Mali, paisible, assoupi dans la chaleur de l'ouest. Car je suis bien à l'Ouest, maintenant...


A l'Ouest du Mali!

 

Ce qui surpend en arrivant ici, c'est la disparition de « Donne-ca-do ». Au début, on ne comprend pas... Un gars sur le chemin qui m'accompagne, va à mon rythme, et sans rien me demander... Et ici les marmots qui viennent me dire « Bonjour Toubab », avec un grand sourire. Je prête l'oreille, j'attends... « Donne-ca-do » n'est pas là... La gentillesse, simplement.

Hélas, par rapport à mes projets, il me faut à nouveau déchanter: la falaise de Tambaoura oppose un obstacle que je ne pourrai pas franchir avec mon vélo chargé: c'est de l'ordre de l'impossible. Les sentiers ne sont faits que pour les ânes, ou peut-être de très bons 4X4, encore que... De plus, il faut absolument que je trouve une banque avec billeterie acceptant ma carte VISA, sans quoi je vais être coincé. Une seule solution, remonter vers le Nord à 250 km, et passer par Kayes, ville que je voulais pourtant éviter!

J'ai donc encore plusieurs jours de piste avant de retrouver un peu de civilisation, Internet, l'eau courante, une banque... et peut-être, ô miracle, une boîte de cassoulet!

Ici, régime bananes-oranges-pastèques. A part ça, c'est le riz africain avec une boîte de sardines...

Alex! Je rêve de choucroute, la nuit...

 

 

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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 17:19

mardi 25 novembre

Repos à Kédougou, en attendant internet... qui n'est jamais venu.

Calme plat. deux jours à ne rien faire, attendre que la connection fonctionne. Et c'est raté. Vois-tu, cher Alex, je partirai du Sénégal sans te donner plus de nouvelles

Départ de Kédougou mardi vers 7 heures.

La route défoncée, alors qu'on m'avait annoncé du goudron. Le goudron est bien là de temps en temps, mais vieux de cinquante ans...Arrivée à Saraya en fin d'après-midi. Accueil sympathique au centre de santé. J'avais eu pour contact le médecin qui est en brousse, mais qui me met en relation téléphonique avec ses collaborateurs.

On me propose la case des visiteurs, au confort sommaire, mais c'est tout à fait vivable. Je suis très touché par le fait que mes hôtes avaient préparé mon arrivée, en me remplissant des bassines d'eau.

Petit tour dans le village à la tombée du jour. Je joue un peu de musique devant le bureau de poste. C'est chaleureux, sympathique. Le chef de gendarmerie, qui avait tout à l'heure une affaire longue à régler n'a pas pu m'enregistrer, mais vient discuter un peu, en notable.

 

Je ne vois le jeune gestionnaire que tard le soir, comme il revient de Kédougou. C'est un homme très sympathique, et je dois dire qu'avec lui, le courant passe. Un homme comme le Sénégal en a tant besoin et qui met en avant les besoins collectifs, le civisme. Il me parle de la nécessité de faire des retenues d'eau.

« Nous avons de la pluie de mai à octobre. C'est tout de même incroyable que nous ne puissions faire la culture que trois mois par an! »

Je le questionne sur la présence d'Arcelor-Mital.

« Ce n'est pas pour l'or qu'ils sont ici: ils ont trouvé un important gisement de minerai de fer, et, loin de tout, ils prennent le risque d'investir »

Et il continue:

« Mital, c'est un exemple pour le Sénégal: ils ont envoyé les jeunes indiens faire des études en Occident, mais ont su les faire revenir et travailler en Inde. Il faudrait qu'on fasse la même chose. C'est une perte pour le Sénégal que tous les ans on envoie des jeunes étudier, et qu'une fois leur formation acquise, ils ne veulent plus revenir »

Oui, il faut tordre le cou au mirage de l'émigration: c'est le moteur de la machine à sous-développer.

Dernière note d'optimisme pour le Sénégal, que me laisse ce jeune gestionnaire plein de projets...

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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 17:15

samedi 22, dimanche 23, lundi 24 novembre 2008

 

Trois jours à Kédougou, passés à ne rien faire, si ce n'est attendre d'avoir un peu de flux Wi-fi  pour mettre à jour mon journal. Impossible de me connecter sur Orange et lire mes messages.

Cette fois, je suis allé chez Diao, un campement du centre, au lieu de me planter chez Babeth, près du fleuve Gambie. Celle-ci m'avait gentiment accueilli, mais j'ai bien senti que je gênais un peu.


 

Mon vélo commence sérieusement à fatiguer...Ce ne sont pas les roues, les pneus, ni la chaîne qui flanchent, mais c'est tout ce qui est freins et dérailleurs. Sur le vélo horizontal à guidon « en haut », il y a un point de faiblesse dont je n'avais pas assez conscience au départ: les gaines finissent par se broyer, à force de tourner autour de la potence. Je n'ai plus ni frein avant, ni dérailleur avant... Il me faudrait tout démonter, et je n'ai pas de gaine de rechange...

 

Je comptais faire par internet la commande de patins de freins que j'ai eu la malencontreuse idée de ne pas emporter. Mais impossible de se connecter! Espérons que le frein arrière tiendra, car à l'avant, c'est déjà usé aussi...

 

Etonnante Afrique. Des maisons dont la construction reste en plan des année, et d'un coup, on s'y met, sans lésiner sur la main d'oeuvre! J'en ai compté plus de trente, sur la photo! 

Quant à la chèvre sur le toit, c'est d'un courant! On voit des chèvres sur les vélos, sur le dos des ânes, sur les épaules des hommes...

A Kédougou, au bout de trois jours, le Toubab avec un drôle de vélo a droit au salut de tous les passants. L'Afrique  a le lien dans la chair. Si on y va à affectif, ça marche. Rien à voir avec l'anonymat de nos villes. Mais gare aux mauvaises surprises!

Je suis allé boire une Gazelle dans un « bar du soir », samedi. Un lascar a essayé de m 'entreprendre et me raconter un baratin dont le but final était bien évidemment de m'estorquer quelques billets. Je n'arrivais pas à m'en défaire, jusqu'à ce que le son de la musique devienne très fort. Alors, la situation s'est retournée, car, dans la pénombre j'ai pu me composer une sorte de personnage à la « Triphon Tournesol », un peu dur de l'oreille et qui comprend tout de travers C'était dans le genre: le gars me parle « des animaux » et je comprends « les biscotaux », et ainsi de suite. Et je me marrais intérieurement. J'avais ma gazelle à boire, je n'allais pas partir au prétexte qu'il me cassait les pieds. Au bout d'une demi-heure, c'est lui qui a jeté l'éponge, il n'en pouvait plus!

Qu'il s'occupe de ses oignons!

Demain mardi, je repars vers Saraya, et direction la frontière du Mali.

A l'est! Toujours à l'Ext, vous dis-je!

Tu en sais quelque chose, cher Alext, toi qui es si proche des casques à pointe!

 

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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 13:56

Samedi  22 novembre 2008

 

Léontine se bat depuis des années pour monter son campement. C'est une belle femme d'une trentaine d'années, chef d'entreprise, dirions-nous, volontaire, indépendante. Elle a suivi des études jusqu'à la troisième à la mission catholique de Kédougou, ce qui n'est pas rien: elle sait lire, parle très bien le Français. Certes est-elle mariée, - en Afrique, ne pas être mariée lui eût été  d'une difficulté inutile - mais son époux est loin, dans le nord du Sénégal, et elle préfère comme ça. En mère africaine, elle fait tous ses travaux avec son gros bébé d'un an accroché à son dos, lui donne le sein de temps en temps.

 

Son campement a un demi douzaine de cases qui quelquefois sont toutes remplies, quelquefois toutes vides, c'est selon les aléas  du tourisme... 

Seule à la tête de son entreprise, elle est aidée par toute sa famile qui habite le hameau bédik jouxtant le campement. Son frère est guide, ses nièces l'aident pour le ménage, pour la cuisine. Mais c'est elle qui doit gérer, et payer, avec l'angoisse de la soudure juste avant la saison d'automne.

Il y a quelques années, une chaîne de télévision française a monté une opération pour promouvoir l'utilisation de panneaux solaires en Afrique. Un reportage a été fait sur le campement de Léontine, et en récompense, elle a été pourvue de vastes panneaux solaires.

 

Las! les panneaux ont fonctionné pendant trois ans, donnant de l'électricité dans les cases, mais depuis, les accumulateurs se sont fatigués, et n'ont pas été remplacés. Les beaux panneaux sont là, mais ne servent à rien... C'est comme ça, à l'Africaine.

Léontine a fait installer l' eau courante dans les cases: il y a toute la plomberie de mise en place, le carrelage aux murs, les douches reliées au réseau jusqu'à son petit château d'eau.

 

Las! Il n'y a pas d'eau car il n'y a pas de ... forage. Tout est en place, sauf l'essentiel. Cela laisse rêveur. Tant d'énergie, de courage qui s'épuise en pure perte. Et Léontine continue à se battre, à l'Africaine, paie chaque jour 1000 FCFA  des tâcherons pour qu'il aillent au puits du village lui chercher les bidons d'eau qu'elle répartit dans les cases. Tant de manutantion, tant de fatigue...Tant de frais qui grèvent le budget.

Elle m'a demandé de lui faire une aquarelle, et je m'y suis attelé ce matin avant de repartir.

Cher Alex, la voici:

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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 19:27

Vendredi 21 novembre 2008


Un accident domestique a failli interrompre mon voyage hier soir, cher Alex, et par la même occasion l'heureux journal que je te transmets.


Figures-toi que j'ai failli disparaître dans la fosse sceptique! Celle-ci, très moderne, avait été
creusée, puis recouverte avant l'été d'un lati de branchages, sur lequel une épaisseur de terre séchée avait été étalée, avec par-dessus une fine pellicule de trois millimètres de ciment, bien insuffisante, et au travers de laquelle ma jambe est passée, crevant le lati!
Tu imagines un peu, si j'y étais passé entier, le retour piteux que j'aurais fait à Reims!



Parti tôt, comme prévu. J'avais préparé hier soir une dose de collyre et de la pommade ophtalmique pour un gars que j'avais rencontré à l'aller, dans un hameau Peul.

Au moment où, alors crevant de soif, je voulais acheter une pastèque à son frère, ce dernier m'avait demandé des médicaments pour sa femme qui avait la fièvre (entendons le palu...). J'avais donné deux cachets de paracétamol tirés de ma trousse de toilette, puis le frère, souffrant manifestement de conjonctivite, m'avait demandé quelque chose pour ses yeux, puis la grand-mère était sortie me demander du savon, puis les gamins d'à côté lorgnant la pastèque que je venais d'acheter, j'avais été obligé de la partager. Et revoilà « donne ca-do »! Et basta! Je n'allais pas alors déballer ma pharmacie, car le tam-tam aurait vite retenti!



Bon, ce matin, je suis repassé au hameau et j'ai donné un quelque chose au gars dont les yeux pleuraient toujours abondamment. En échange, il m'a offert une autre petite pastèque, bien avancée, d'ailleurs, et je lui ai remis une bouteille d'eau vide. Salut!


Un peu plus loin un grand gaillard pédale de toutes ses forces, emmenant sa femme qui gémit sur le porte-bagages. On fait une vingtaine de kilomètres comme ça, on se double, on se redouble. Il me demande si j'ai des médicaments pour sa femme qui a mal au ventre. Bon, il ne s'agit pas de donner n'importe quoi! Cela peut aussi bien être une occlusion, l'appendicite, les règles douloureuses, ou je ne sais quoi encore. En fait, j'apprends après quelques questions que la femme a eu un bébé il y a un mois, et qu'elle ne s'en remet pas. Ils vont au dispensaire qui est à plus de 30 kilomètres! Pas une voiture sur la piste depuis plusieurs heures... Je ne peux rien faire. Et bien évidemment, ils sont partis sans une goutte d'eau! Je leur dis de s'arrêter, en haut d'une côte, leur donne à boire, on partage la pastèque.





Le mari se trouve beau, en photo. La femme s'allonge un peu, me sourit vaguement pour me dire que oui, elle veut bien que je la photographie...

Tous deux sont élégants, malgré les circonstances...




             Et puis nos routes se partagent. Il a encore une bonne dizaine de kilomètres à faire.

Ainsi va l'Afrique...



Je suis enfin arrivé au campement le Bédik, en début d'après-midi. Je n'ai plus qu'une quinzaine de kilomètres à faire demain pour rejoindre Kédougou. J'aurais pu faire l'effort de pousser jusqu'à la ville, mais l'endroit est si reposant...       

Et Léontine, c'est ma copine!



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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 18:21

Mardi 18, mercredi 19, jeudi 20 novembre 2008.


Je suis parti ce mardi à 8H. Et cette journée a été très dure. Rouler sur piste est plus pénible que sur le goudron, et cette région du sud du Sénégal commence à avoir de jolie petites côtes! Le paysage, quelquefois, fait penser aux Ardennes, quand elles ressemblent au Morvan, plus précisément... Mais la chaleur de plus de 35 degrés nous rappelle vite où l'on est!

Ces 70 km ont été très difficiles, j'ai été obligé de m'arrêter souvent pour respirer, essayer de récupérer mes forces, et je ne suis arrivé qu'en fin d'après midi à Salémata, gros bourg de 2 000 habitants en pays Bassari.

Trois peuplades parlant des langues appartenant à des groupes linguistiques différents se partagent le territoire, maintenant pacifiquement, quelquefois dans les mêmes villages, quelquefois en villages séparés, et assez fréquemment en villages doubles, ou même triples.

Les Peuls ont été les fiers conquérants des empires musulmans qui ont juste précédé la colonisation. Ils ont essayé de convertir de force à l'Islam les anciens peuples, et dans cette région difficile d'accès pour les cavaliers– comme le pays Dogon au Mali – ils ont suscité un rejet jusqu'à aujourd'hui.

Les deux autres peuples sont d'Est en Ouest les Bédiks et les Bassaris, que les africanistes qualifient de « paléonégritiques », car ils concervent d'une part des caractères morphologiques les rapprochant des Pygmées et des Bushmen (angle prohéminent du sacrum, cheveux en « grains de poivre », etc...), et d'autre part ils restent attachés à leur culture animiste ancienne, bien que ceci se double du catholicisme. Ils s'appellent Pierre, Fernand, Sophie, Elise et j'ai même rencontré un Gabriel!


Le voilà justement, entouré de jeunes du collège. Ne t'étonne pas de leur taille, cher Alex, car nombre ont 16 ou 18 ans en troisième...

C'est à René, le gardien du foyer de l'Association « Cauris » qui est mon contact. Je vais dormir dans la case de Denis, pour 3 000 CFA la nuit.

René me guide dans cette bourgade. Nous allons à la gendarmerie pour m'inscrire, puis au marché.


Le commandant de la gendarmerie me reçoit avec beaucoup de courtoisie. C'est un fort bel homme, ayant beaucoup de prestance. Il m'explique que les Bassari dont des gens paisibles, ce qui est manifestement vrai. Les seules affaires qu'il ait à régler sont des contentieux entre pasteurs et agriculteurs, des histoires de fesses et quelques questions de contrebande en provenance de la Guinée voisine, sur lesquelles il ferme les yeux, car la population est fort pauvre. J'ai eu plus tard un autre son de cloche: les contrebandiers verseraient, dit-on, une cotisation en liquide à la gendarmerie pour pouvoir vendre au marché les produits illégaux...

Très vite, chacun sait que je suis le « toubab » avec une drôle de machine, que les jeunes et moins jeunes viennent voir en bande, un peu ébahis des idées saugrenues des européens! Je leur explique que ce n'est pas un vélo pour se reposer, mais que son ergonomie permet de moins s'user le corps... Et toujours la même question: « Combien ça coûte ?», suivi d'un « Les toubabs sont riches », puis les ordinaires sous-entendus sur le cadeaux qu'il serait bon de faire...


Quant à moi, je suis toujours étonné de voir que des progrès simples ne sont toujours pas adoptés en Afrique, et pas seulement en pays Bassari! Tous les travaux se font à même le sol, pas d'établi pour le mécanicien, pas d'enclume surélevée pour le forgeron, de table pour le cuisinière. Tant de dos qui fatiguent inutilement!
 Cette belle invention qu'est le manche à balai n'est toujours pas arrivée en Afrique, et les femmes, en belle tenue, très élégantes, balaient les feuilles matin et soir - faisant d'ailleurs bien de la poussière! -, courbées sur le sol en tenant la gerbe de rameaux à la main. La brouette n'est pas plus utilisée, pourtant moins fatigante que le portage...


Je reste trois nuits à Saléméta, avant de retourner à Kédougou, car je me sens très fatigué. Fatigue inutile, penserait sans doute bien justement un Africain!
J'espère ne pas être malade...


Ce matin, mercredi, j'ai commencé par une petite aquarelle de 50 minutes, seulement, car je n'ai pas pu avoir la paix...

Puis je suis allé faire le tour du bourg, en répétant trois mille fois « Bonjour, ça va? Oui, ça va bien ».
Et, après la visite à la mission, je suis tombé sur un « Toubab »!

Un Français excentrique, Bob, le seul Toubab de Salémata, fort en gueule, comme on dit. Figure-toi qu'il est même Marnais, d'Epernay! A voir sa maison, je me suis dit qu'il devait être vigneron, car celle qu'il construit ressemble quelque peu à certaines bâtisses fort... coûteuses et récentes du vignoble... Il m'a dit en avoir construits deux autres à Hautvillers, patrie de Dom Pérignon. Figure toi, que ce sera « à 99%  un château du Moyen-Age », en plein pays Bassari!

Mais non, il n'est pas vigneron... Il a passé une partie de sa vie dans les travaux publics en Afrique. Bref, il est devenu de ceux qu'on appelle les « Sénégaulois ». Voici sa maison:


Les propos qu'il tient en public comme en privé sur les Africains sont un peu choquants, mais finalement pas très éloignés de ce que peuvent dire les vieux « humanitaires » qui ont bourlingué sur le continent... Simple question de registre de vocabulaire. Très fier, il déclare être même le plus gros employeur de Salémata, car cela fait six ans qu'il a trois maçons à payer pour la lente construction de son château, plus trois femmes de ménage pour l'entretien de sa case! Rien que pour ça, c'est pas mal, et dans l'ensemble, je crois qu'il « passe assez bien »!

Cher Alex, connaissant ton bon goût, je ne doute pas que tu en seras très envieux! Je sais bien cependant qu'étant « panier- percé », tu n'arriveras jamais à te l'offrir, cette maison de tes rêves!


Ce soir, vers 16 heures, je suis allé jouer de la guitare pour les collégiens du foyer du collège. Un public de qualité, très attentif, une écoute poignante.

Pour l'anecdote, quand j'ai demandé aux jeunes ce qu'ils envisageaient de faire comme métier plus tard, l'un m'a dit: « On ne sait pas encore, on n'est pas encore Français. »

Je me suis installé devant ma case, qui est sur une éminence, et j'ai commencé à aquarelliser en écoutant « Des Knaben Wunderhorn ». Hélas, ce n'était pas le son que je voulais avoir à l'enregistrement quand j'ai été surpris par le martèlement rythmé du mortier des quatre femmes. A l'entendre, ce quadri-son, on comprend de suite pourquoi et comment en Afrique, les gens sont si facilement aptes, par leur vécu quotidien, à chanter à contre-temps, ce qui nous pose tant de problèmes. Je crois me souvenir que les piroguiers cultivent les mêmes coordinations...




Et ce jeudi, à midi, je suis allé manger des frites-tomates-oignons-viande chez Camara, la friterie chez qui Bob prend ses repas. Les deux toubabs du pays se retrouvent à discuter du pays champenois!

Les jeunes reviennent par vagues cet après-midi. Pas moyen d'être seul, tranquille, en Afrique! Il y a toujours du monde qui vient te tenir compagnie, de peur que tu t'ennuies, mais surtout, je crois bien, par curiosité, pour rompre la monotonie provinciale.

Là encore, ils sont très gentils, mais que de quémandeurs, que de tapeurs! Et « Combien ça coûte ce que tu as là? » Et « Les toubabs sont riches », « Ils peuvent donner ». Etc, etc...

En pays Bassari, c'est beaucoup plus bon enfant que plus au nord, sans aucune agressivité. Mais là comme ailleurs, je suis frappé de voir combien on attend tout du Toubab, qu'il apporte des médicaments, de la nourriture, des usines, construise des routes, etc. Il y a d'ailleurs là une ambivalence évidente, les discours intellectuels, dirons-nous rapidement, reprenant en boucle et en écho l'argumentaire sommaire fourni par la doxa tiers-mondiste occidentale: le Toubab tout puissant est aussi considéré comme responsable de tous les maux, l'Africain n'étant aucunement acteur responsable, dans ces processus incriminés. Le vieux paternalisme considérant l'Africain comme un grand enfant irresponsable resurgit là où on ne l'attendait pas, dans leur bouche même! Le comble est qu'on va jusqu'à attendre... de l'ancienne puissance coloniale qu'elle intervienne pour que cesse la corruption!


Je suis aussi surpris, bien que je m'y sois attendu, de constater à quel point fait défaut la conscience nationale. On est Peul, Wolof, Mandingue avant toute chose. Une seule idée chez les jeunes, quitter leur pays. La France, « c'est bon », l'Espagne c'est mieux – on comprend bien pourquoi! Et le nec est d'avoir une femme italienne. Qu'on leur dise qu'il y a quelque chose à faire pour leur pays les dépasse... J'en viens à bénir intérieurement et à leur parler de l'équipe nationale de football, le « Lions »! Tu imagines, cher Alex, je chemin qu'il me faut parcourir!

Pourtant, au Sénégal, la politique est intense, les gens, les jeunes s'impliquent fortement dans la vie publique, ce qui suppose qu'ils croient à la chose publique, et que l'espoir s'élabore.

Un point positif aussi, vraiment, et qui -ouf !- donnerait un peu d'optimisme, c'est que beaucoup parmi ces jeunes avec lesquels j'ai l'occasion de discuter ( les jeunes sont très intéressés par la musique que je joue à la guitare, et avec eux, la conversation s'engage aisément), issus de familles polygamiques le plus souvent, affichent comme idéal de n'avoir qu'une femme et trois enfants, car, disent-ils, « Sans ça, on ne s'en occupe pas bien ». Comme ça, a priori, j'aurais tendance à penser que le bénéfice de cette heureuse évolution, si vraiment elle se concrétise au delà des paroles, dans un rayon plus large que la jeunesse bénéficiant d'une scolarité secondaire, ne sera pas à mettre au crédit des gouvernants, mais, comme au Brésil dans les années 90, à celui des séries américaines valorisant ce modèle, ici sur les écrans de télé sénégalais, comme partout ailleurs.


Cher Alex, je me lèverai demain très tôt, dès que j'entendrai le muezzin, tourné vers l'est, appeler à la prière dans le village Peul. J'espère ne pas souffrir comme à l'aller...

Je suis allé trop à l'ouest, en vérité. Et à partir de demain, ce sera vers l'est, l'est et encore l'est! C'est là qu'il y a du nouveau!

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22 novembre 2008 6 22 /11 /novembre /2008 19:28

Lundi 17 novembre.


Me voilà en retard hier soir pour ranger mes sacoches: j'ai rencontré un enquêteur du ministère du tourisme, et nous avons discuté jusquà la nuit.


Ce qui fait que je ne suis pas parti bien tôt, ce matin, vers 9 h. Petite étape, donc.

Maintenant, il n'y a plus de goudron, simplement de la piste, mais qui est bonne.

En cours de route, je croise un chacal sur cette piste, qui traverse tranquillement. Je m'arrête et ai le loisir de l'observer à la longue-vue.


Arrivant chez Léontine, je rencontre Stéphane et Hubert, deux lascars, dans le genre papys intrépides, qui me proposent d'emblée ... une sortie en 4X4 sur la route du coton. J'ai juste le temps de garer mon vélo, et nous voilà partis!

Le guide est le frère de Léontine, un Bédik qui connaît chaque recoin de la région. Nous commençons par le champs de coton, qui est bon pour la cueillette et sera envoyé à l'usine d'égrenage, cette opération fastidieuse étant maintenant faite mécaniquement.



Nous n'avons pas fait dix kilomètres que nous rencontrons sur le bord de la route une belle jeune femme, assez désemparée, avec sur son dos son bébé malade de la malaria, et qu'elle emmène au dispensaire. On s'entasse et on prend la route du dispensaire.


Passage difficile d'un ru à sec: il faut ajouter des pierres pour que la voiture passe.

Et nous terminons pour une visite dans un village d'orpailleurs. Aujourd'hui est jour faste pour les génies chtoniens. Il faut les laisser en paix, et les hommes ne sont pas allés creuser pour sortir le minerai. Aussi travaille-t-on au village.


En premier, le minerai est concassé au pilon par le femmes, auxquelles est réservée la partie la plus pénible du travail... une fille est chargée de trier la terre et en retirer les cailloux, qui seront à nouveau soumis au concassage.

Tri et tami, concassage par les femmes, jusqu'à l'obtention d'une poudre, que l'on fait descendre avec de l'eau sur un plan incliné garni d'une sorte de grosse étoffe rugueuse. Les paillettes s'accrochent sur le tapis, et brillent au soleil, presque autant que les paillettes que les hommes ont dans les yeux lorsqu'ils nous les montrent – car cette opération noble, gratifiante et importante est réservée aux hommes. Enfin, les tapis sont lavés dans un seau au fond duquel s'opère la décantation des paillettes.


 


Mais cela ne donnerait pas encore de l'or (à 3 000 FCFA le gramme...) sans la dernière opération avec « le produit ». Nous leur précisons:

«  Vous voulez dire avec le mercure?...

- Avec le .. produit. On fait chauffer et on récupère l'or au-dessus. »

Description qui rappelle l'ancienne technique par « coupellisation » utilisée au Pérou et qui a occasionné une pollution durable. Le mot "mercure" est comme tabou.

Retour par les villages.

Aquarelle enfin, en fin d'après midi. la seconde seulement depuis mon arrivée en Afrique. Et une rapide, car c'est vite l'attroupement!


Faute de Beaujolais, mon cher Alex, je me rabats sur la bière Gazelle. Bien heureux d'en trouver chez Léontine!

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16 novembre 2008 7 16 /11 /novembre /2008 17:16

Vendredi 14, Samedi 15, Dimanche 16 novembre 2008


En route vers Kedougou, cher Alex, je croise des enfants partant à l'école, et portant sur leur tête leur pauvres fournitures scolaires: qui une ardoise, qui des craies ou un cahier...

Et puis les moissonneurs, qui fauchent encore à la main.

La région est maintenant vallonnée comme les Ardennes.

Au fond le massif du Foutah Jalon où les grands fleuves d'Afrique Occidentale, Niger, Sénégal, Gambie, prennent leur source.


A Kedougou, je vois un ville apparemment prospère, relativement aux reste du Sénégal. L'or, bien entendu... Mais gare aux impressions!

Et l'avenir pollué au mercure qu'Arcelor nous promet. Petite ville de l'extrême Sud-Est, logée dans un cul de sac.

Car les routes devant la désenclaver vers le Mali et la Guinée ne sont encore qu'en l'état de projet.

Recommandé par Ronant Gueguen de Tambacounda, un ami des patrons du Relais de Kédougou, je peux m'installer à l'abri du toit du second restaurant, car la saison de chasse n'étant pas encore ouverte, seule la première salle de restaurant est utilisée.

Bon, la patronne est très gentille, mais je ne pourrai hélas pas m'éterniser ici. Dommage, car la piscine et la vue sur le fleuve sont très très agréables.


La galère de ces deux derniers jours, ça a été de rechercher une liaison internet qui ne rame pas trop. Pas évident.

Et en cherchant, je retrouve... Akiko, qui m'a dépassé pendant que je me reposais à Mako. Elle n'a pas réussi à monter un coup pour visiter la parc pour pas cher, et elle aussi a traversé le parc en vélo. Les lions ne mangent pas tous les cyclistes!

Et comme dans toutes les villes, pas évident pour trouver des « produits européens », sauf à manger à tous les repas dans un restaurant coûteux.

Ah! La saison de chasse n'est pas commencée, mais il reste du phacochère dans le congélateur du Relais . C'est extra! comme du sanglier, et très tendre. Hélas, je ne peux boire avec que de la bière gazelle, ce qui est tout de même mieux que le thé ou le coca-cola...

Ah! Cher Alex toi qui sais parler des vins avec tant de poésie, quel Bourgogne mettrais-tu sur la table?

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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 18:52

Jeudi 13 novembre 2008


Mon cher Alex, j'apprécie cet endroit.

Mako, bourg à la sortie du parc du Niokolo. J'y suis retourné hier et aujourd'hui, et je dois dire que l'accueil y est chaleureux. Voilà un Toubab qui rompt la monotonie, avec son vélo bizarre!
 Et les gamins, et les vieux et les jeunes, et les filles, par groupes, de venir faire les curieux, de s'esclaffer, de rire en montrant – pour les moins de trente ans – de belles dents blanches.


Hier, comme mon potable orange ne passait pas, j'ai emprunté un « tigo » pour envoyer un SMS en France, et son propriétaire n'a pas voulu d'argent... Ici, le Sénégal profond, et animiste. Et sympathique.


Vois ce village et ces femmes lavant linge et enfants dans le fleuve Gambie.

Je voulais faire une aquarelle dans un village, mais en Afrique, c'est d'un compliqué pas possible! Il faut demander au chef de village, et celui-ci étant aux champs pour surveiller sa culture afin qu'elle ne soit pas mangée par les troupeaux de nomades, je n'ai pu rien faire, car c'eut été un affront de se l'autoriser.


Nous sommes allés voir les hippos que j'avais ratés hier.

En fait, ce matin à quatre heures, je les ai entendus grogner pas loin du campement. Je me suis levé pour les voir, mais malgré la pleine lune, rien n'était apparent.



Tout à l'heure, ils s'ébrouaient tranquillement en laissant juste dépasser les narines.

 


Quand ils se sont plus rapprochés pour faire les curieux, nous sommes repartis.







 

Puis nous sommes allés causer avec l'instituteur, qui m'a longuement parlé, non de matériel pédagogique, hélas, mais de ses difficultés à convaincre les parents de l'utilité de l'école.
Depuis qu'on a retrouvé de l'or dans ces montagnes, c'est la folie. Les gens ne pensent qu'à la fortune facile. Le problème majeur est celui de la pollution au mercure, qui est encore utilisé pour faire l'amalgame. Le mercure vient de Guinée, du Ghana, apporté par des trafiquants sans scrupules, et rejeté ensuite dans la nature, sans que personne ne prenne garde au poison que cela représente. Des sociétés comme Euro-mine ou Arcelor-Mital n'ont pas plus de scrupules, sont présentes et concourent sans gêne à cette pollution.

Je disais « nous », car le gardien du campement - dont je suis désespérément le seul client - , m'accompagne et me guide.


Voilà la petite famille, dont le petit Alex, âgé d'un an, ce qui ne manquera pas de te toucher, j'en suis convaincu!

Voilà... Ce matin, j'ai encore essayé de pêcher à la cuiller, mais je pense que les poissons africains sont bien comme les européens. Quand ils ne sont pas décidés à mordre, rien n'y fait.

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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 18:43


Mardi 11 novembre 2008

Je pars à huit heures, laissant Akiko au campement de Dar Salam, et à ses projets de 4x4.

Je suis bien ennuyé de ne plus avoir de compteur kilométrique. D'après la carte, il y a 12 kilomètres jusqu'à Diémoun Diala, 47 jusqu'à Niokolo où je vais demander l'hospitalité aux gardes, 46 pour arriver à Mako, 3 kilomètres après pour trouver le premier campement hors du parc.

Journée très dure, encore une!

En chemin, le doute me prend...Et si les gardes m'avaient raconté des âneries..., et si... et si. La route est sauvage au possible, et j'entends des cris inhabituels, dans les fourrés.




Et les gardes de Niokolo, qui semblent s'ennuyer à cent sous de l'heure en mangeant de régimes de bananes, me font bien comprendre que je ne suis pas tout à fait le bienvenu, et que je peux continuer mon chemin.
Misère! Pas un village où demander à camper, les habitants ont été « déguerpis », m"avait précisé le garde. Et sur cette route de savane, ne passe qu'un véhicule par demi-heure.



Je dois dire que je n'en menais pas large, imaginant le bruit d'un lion derrière les arbres. Mais non, les lions ne fréquentent pas cette route. Chantal, à Dakar m'avait dit que si j'en voyais un, il fallait que je considère ceci comme une bénédiction...



Au long du chemin, je vois une multitude d'oiseaux, des pintades sauvages, des phacochères, et des bandes de babouins plutôt inoffensifs.




Inoffensifs, lorsqu'ils sont morts... envoyés dans l'au-delà par un camionneur!




Le paysage devient de plus en plus vallonné, la végétation plus dense, et je traverse de nouvelles vallées.



J 'avoue que je suis très fatigué, avec quelques douleurs aux genoux, quand j'arrive enfin au campement de Mako.


Mais là, je suis dans un bel endoit, au bord du fleuve Gambie, où j'espère pêcher le capitaine demain.

Ainsi va la vie, cher Alex!

 

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