Jeudi 2 et vendredi 3 octobre
Quel bordel, madame Adèle.
Quel boxon, monsieur Léon!
Pour ne pas réveiller mes co-hôtes qui sont allés faire la
fête en ville jusqu'à tôt ce matin, j'ai sorti toutes mes affaires dans le couloir avant de les ranger méticuleusement dans les sacoches.
A chaque fois, cela m'affole un peu de voir qu'il y en a autant.
Et toi, mon cher Alex, qui te moquais de moi, quand je t'expliquais pourquoi j'emportais tous ces objets indispensables!
La pluie, à nouveau, à peine une heure après mon départ!
Le « RAVeL2 » est bien plus pratique et continu que celui du sud. Un bel exemple de recyclage - pour le cas, ça tombe à pic
- d'infra-structures anciennes pour une utilisation moderne.
La vieille ligne de chemin de fer très bien aménagée en piste cyclable, et sur les bordures les vieilles gares réinvesties, les unes en bibliothèques, les autres en écoles maternelles, avec des
résultats apparemment excellents. Vois ce vieux chariot de mine servant de poubelle. Quelle riche idée!
En
Flandre, après midi...
Une petite réflexion en passant, qui rejoint ce dont nous avons souvent discuté: Comme Fernand Braudel l'a bien
montré, c'est en grande partie le fait d'avoir eu une politique publique commune et centralisée qui a fait que le vivre ensemble et le sentiment d'appartenance ont pu se construire en France.
Ici, en Belgique, la frontière entre Flandre et Wallonie m'est apparue encore plus marquée qu'entre deux pays étrangers.
D'un coup, la langue change, mais aussi des politiques publiques d'aménagement du territoire divergentes, ignorant délibérément le voisin pourtant compatriote. Deux réseaux de pistes cyclables dont on ne comprend pas l'inter-connexion, venant de l'extérieur. Ajoutons à cet exemple que ce sont de vieilles voies ferrées qui sont utilisées là, mais qu'il n'est plus possible, avec les nouvelles lignes, d'aller en train de Louvain à Namur sans passer par Bruxelles.
A Louvain, vieille ville universitaire qui a gardé sa population jeune, les conflits linguistiques ont été particulièrement
aigus dans les années 60, avec l'expulsion des étudiants francophones. Quand j'ai dit à Namur que j'allais à Louvain, on m'a un peu regardé de travers, car cela touche à une vieille blessure:
j'aurais dû dire « Leuven », car « Louvain » est réservé à la ville neuve, situé à 20 km au Sud.
Et côté Flamand, on dit gentiment « Leuvin », prononcé comme le levin, quand on s'adresse à un Français.
Par contre, je n'ai pas du tout ressenti d'animosité en arrivant en Flandre. Il s'est même trouvé une jeune femme pour me faire reproche de parler Anglais: « On est en Belgique, tout de
même, alors, parlez Français! » Et j'ai honteusement remballé mon Volapuk du Ronaldland.
En Flandre commence le pays du vélo, pistes cyclables très bien faites, où les « fietsers » sont assez systématiquement prioritaires sur les
automobiles.
Et me voilà visitant sous la pluie cette très belle ville. Vois cette dentelle gothique de l'Hôtel de Ville! Ecoute un peu ce carillon de midi, dans le brouhaha de la sortie des
cours!
Mais demain, je repars encore vers le nord.
Vers le Nord, alors qu'il pleut de plus en plus? Me tromperais-je de direction? Est-ce bien la bonne,
pour aller vers les pays où le grand loufoque suffoque et l'eau tarit?