... de flûte alto, veloutée comme le doux passage d'un rhum blanc sur les papilles roses et les
amygdales rêveuses, de cette voix chantante comme un fado rythmant un tango de Buenos-Aires, elle m'a annoncé la nouvelle.
Catalina, pourquoi faut-il qu'une voix aussi suave soit chargée d'une si vile besogne? Pourquoi le monde est-il aussi injuste?
Catalina, la douce entremetteuse, m'a dit au téléphone:
"Cette vilaine Laura vous aura fait faux bon. Je l'ai appris ce matin, elle partira sans vous à Pointe-Noire. Vous ne pourrez pas la rejoindre"
Ainsi donc, Laura Delmas, hélas, m'a posé un lapin!
Elle est partie sans moi, sans même
m'attendre, après m'avoir fait lanterner pendant des semaines et des mois. Elle navigue en direct vers le pays que toucha Savorgnan de Brazza...Point d'escale à Dakar, point d'escale à
Bordeaux.
Ainsi va la gestion à flux tendu. Les cours sont des dictateurs implacables qui se moquent d'un port, des marins à bord, de leur famille, et plus encore d'eux s'ils n'en ont pas, et a
fortiori d'un quelconque péquin qui espérait faire une belle croisière sur un porte-contener.
Et moi, je reste comme le corniaud de l'histoire, avec tout mon barda en rade à l'auberge de jeunesse de Vernon. Et je n'ai plus qu'à prendre le train, et revenir à la case
départ.
Et retourner lundi en voiture pour reprendre tout mon matos abandonné en Normandie.
Oui, mon cher Alex, la case départ du grand jeu de l'oie, lors de cette belle journée du patrimoine . Tu comprendras que j'aie préféré m'y
présenter incognito. Chut!... je crois qu'il est derrière moi et qu'il lit les nouvelles en douce, au dessus de mon épaule, et continue à se fendre la poire.
Le grand Gaby s'est-il moqué de moi?
Bon, faisons contre mauvaise fortune bon coeur. Dans le jeu de
l'oie, il y a bien pire que la case départ: c'est la prison.
Pour les oranges, ce sera plus tard, mon cher Alex.
PS. J'ai lu le commentaire d'un certain "AR", de mon article précédent. Il m'a beaucoup fait rire aussi.